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Douleur

Publié le 16 déc 2021Lecture 5 min

Dyspareunies d’intromission : la vestibulodynie (3/3)

Laura BOURGAULT
Dyspareunies d’intromission : la vestibulodynie (3/3)

Douleur déclenchée chez des femmes ayant un terrain d'hypersensibilité cutanée vulvaire, les vestibulodynies se diagnostiquent le plus fréquemment chez les 25-35 ans. Quid des facteurs de risque et de la prise en charge de cette gêne localisée à l'entrée de la vulve ? Les explications de Camille Tallet, sage-femme ostéopathe à Lyon.

La vestibulodynie est caractérisée par une douleur à l’entrée de la vulve : « il s’agit d’une forme spécifique de la vulvodynie localisée à un endroit précis : la partie inférieure du vestibule vulvaire, zone située entre 3 heures et 9 heures, qui devient très sensible », souligne Camille Tallet, sage-femme ostéopathe à Lyon. Sur le moyen terme, comme dans le cas de la vulvodynie, cette sensibilité cutanée entraîne une contraction musculaire réflexe. Autre point commun avec les vulvodynies, l’existence de vestibulodynie dite primaire ou secondaire. « Certaines femmes présentent une vestibulodynie dont elles souffrent depuis toujours, quand certaines femmes se mettent à avoir mal à un moment donné. » Etiopathogénie La vestibulodynie est rarement une douleur constante : « elle est le plus souvent déclenchée par un contact physique. » Les patientes décrivent dans la plupart des cas une douleur « à la pénétration, pendant le rapport, et quelques heures après du fait d’un contexte de sensibilisation cutanée source de brûlures quand les femmes vont aux toilettes après le rapport ou remettent leur pantalon. » D’autres facteurs de risque peuvent-ils déclencher une vestibulodynie ? « Tout ce qui est à l’origine d’une sensibilité cutanée », répond Camille Tallet. C’est le cas « des mycoses à répétition, les traitements locaux répétés comme l’application de crème, de bétadine, l’excès d’hygiène qui va venir sensibiliser la peau et les muqueuses ». Mais aussi des phases caractérisées par des variations de l’activité hormonale « comme la ménopause » ou des pathologies d’ordre dermatologique tel que « le lichen scléreux vulvaire ». « Les cicatrices liées à un accouchement ou à une intervention chirurgicale » favorisent aussi la survenue de vestibulodynies. Sans oublier « la prise d’antibiotiques, d’antihistaminiques au long cours, d’antihypertenseurs aux propriétés diurétiques, les infections urinaires et les expériences traumatisantes » au niveau vaginal. Et contrairement aux idées reçues, « l’origine psychologique n’est pas fréquemment rapportée » dans la vestibulodynie. Comment le diagnostic est-il posé ? Comme les douleurs d’intromission que sont le vaginisme et les vulvodynies, le diagnostic de la vestibulodynie ne se pose pas à l’œil nu. Il va falloir remonter à la cause en interrogeant dans le détail toutes les habitudes de la patiente, en termes d’hygiène ou de prises médicamenteuses par exemple. En fonction des symptômes décrits (brûlures, échauffements, impression d’une flore vaginale abimée), la sage-femme va « interroger la patiente à partir d’EVA* sur la douleur pendant et après le rapport ». Au fil du suivi, l’utilisation de cette EVA va d’ailleurs permettre de juger de l’efficacité de la prise en charge et de l’adapter si nécessaire. « Tout en s’assurant de la bonne adhésion thérapeutique de la patiente. » Le q-tip test fait aussi partie des examens permettant de confirmer le diagnostic de la vestibulodynie et de grader la douleur de la patiente au fil des séances. Quand mettre sa casquette de sage-femme ostéopathe ? La prise en charge va reposer sur la désensibilisation cutanée et le relâchement de la contracture musculaire réflexe. « On part donc sur la même solution utilisée contre les vulvodynies, à base de lidocaïne, de lanoline*** et de vaseline à appliquer le matin et le soir. De plus, au cabinet, nous travaillons des étirements musculaires. » Après ces indications, « une fois que la tension à l’entrée de la vulve est levée, si la patiente exprime une douleur dans le fond du vagin pendant les rapports, à ce moment je mets ma casquette d’ostéopathe : je vais aller travailler sur l’utérus, sur les ovaires, sur la vessie, selon la zone douloureuse ». Point important : la précocité de la prise en charge. Quand les femmes prennent leur premier rendez-vous, « il est souvent un peu tard et le périnée est déjà très contracté. Si la prise en charge était initiée plus tôt, il serait encore un peu relâché ». Sur combien de temps s’écoule le suivi ? « En moyenne, on estime que dix séances sont nécessaires pour repérer une amélioration », répond Camille Tallet. S’organiser en réseaux : ostéopathe, psychologue, sophrologue… La prise en charge devient globale notamment si la douleur a des retentissements psychologiques. « Je conseille souvent aux femmes le recours à la sophrologie ou à l’hypnose », décrit Camille Tallet. « Ce sont des techniques globales de relaxation qui peuvent aider à la détente, au lâcher-prise ». L’avantage de ces approches : « elles permettent à la patiente de refaire les exercices chez elle, à la maison. » Selon les situations, « la psychologue, la thérapeute de couple, la sexologue, la praticienne en EMDR** » peuvent aussi être des spécialistes auxquelles adresser la patiente. Aller plus loin : Rendez-vous sur le site de l’association Périnée Bien-aimée, ses comptes Instagram et Facebook. Sur le site il est possible de présenter les cas cliniques entre spécialistes. « Au bonheur des vulves – Le manuel antidouleur qui en a entre les jambes », Camille Tallet, Élise Thiébault – Editions Leduc, le 19 octobre 2021 Les liens vers nos articles sur les douleurs d’intromission répertoriées que sont le vaginisme et les vulvodynies. *Echelle visuelle analogique utilisée pour évaluer la douleur sur une échelle de 1 à 10 **EMDR pour « eye movement desensitization » : technique basée sur la stimulation visuelle et tactile pour apaiser des séquelles et traiter des souvenirs post-traumatiques au fil des séances ***substance aussi connue sous les termes graisse de laine ou cire de laine

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