Publié le 16 avr 2024Lecture 3 min
RELATION ENTRE PATHOLOGIES HYPERTENSIVES DE LA GROSSESSE ET SURVENUE SECONDAIRE D’UNE HTA CHRONIQUE
Daniel ROTTEN, Paris
Les pathologies hypertensives de la grossesse (PHG) sont une cause majeure de morbidité et de mortalité maternelles pendant la grossesse et l’accouchement. Elles constituent également un facteur de risque majeur pour la survenue à long terme d’une litanie de complications cardiovasculaires.
L’apparition d’une HTA chronique se situe au premier plan de celles-ci. Elle s’accompagne d’un remodelage de la structure du myocarde, avec augmentation d’épaisseur de la paroi du ventricule gauche et du septum interventriculaire. On associe également aux antécédents de PHG une augmentation du risque de survenue de pathologies coronaires, d’insuffisance cardiaque, d’insuffisance rénale chronique... Accidents vasculaires cérébraux, troubles du rythme et pathologie valvulaire sont également cités dans certaines études.
Pauline Boucheron, Grégory Lailler et coll. ont mené une étude épidémiologique concernant plusieurs aspects des PHG. Un premier ensemble de données concerne l’incidence des PHG au cours de grossesses initialement normales, et leur typologie : hypertension gravidique (HTAg), prééclampsie et prééclampsie surajoutée. Un deuxième objectif est de mesurer l’influence des caractéristiques de la PHG (typologie, durée et sévérité) sur l’incidence ultérieure d’une HTA chronique. Enfin, ces auteurs ont analysé la chronologie d’apparition de l’HTA chronique au décours de l’accouchement.
Protocole
Les données sont extraites du registre national de santé maintenu par l’Assurance maladie. Les 2 663 573 dossiers retenus correspondent à des premiers accouchements de singletons, en milieu hospitalier, au terme de 22 SA et au-delà, entre 2010 et 2018. L’existence d’une pathologie hypertensive ou cardiovasculaire préexistante à la grossesse fait partie des critères d’exclusion. La prescription d’un traitement antihypertenseur entre 20 SA et 6 semaines postpartum définit l’HTAg. Une prééclampsie est classée sévère si elle nécessite une hospitalisation ou si elle est associée à une éclampsie ou à un syndrome HELLP ; elle est précoce si elles survient avant 34 SA.
Prévalence des pathologies hypertensives au cours de la grossesse
Chez ces femmes nullipares et sans antécédent personnel cardiovasculaire ou hypertensif, le taux global de survenue d’une pathologie hypertensive au cours de la grossesse est de 6,8 %. Il s’agit deux fois sur trois d’une HTAg et, dans près d’un tiers des cas, d’une prééclampsie (tableau).
Typologie de la PHg et survenue secondaire d’une HTA chronique
Au décours de la grossesse, on observe une HTA chronique chez 1,8 % des femmes de la cohorte. La fréquence est de 1,2 % chez les femmes qui n’ont pas eu de PHG. Elle est 8 fois plus élevée en cas antécédent d’HTAg et 10 fois plus élevée en cas d’antécédent de prééclampsie. L’effet est encore plus marqué après une prééclampsie avec facteur de gravité qu’i s’agisse de prééclampsie sévère, ou de survenue précoce, ou surajoutée ou ayant entraîné un retard de croissance in utero (tableau). L’apparition des HTA chroniques commence dès la fin de la grossesse.
Durée de la PHg et incidence des HTA chroniques
L’effet de la durée de la PHG sur le risque d’observer une HTA chronique est différent selon la typologie de la PHG. Concernant les HTAg, l’effet de la durée de la phase hypertensive est peu marqué et il ne devient réellement apparent qu’après une durée de la phase hypertensive proche de 3 mois. En cas de pré-éclampsie, l’augmentation de risque commence pratiquement immédiatement. Elle augmente ensuite proportionnellement à la durée de la phase hypertensive.
Publié dans Cardiologie Pratique
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