Anne-Céline RIGAUD, kinésithérapeute, Hôpital Rangueil, Toulouse
En utilisant les données d'une grande cohorte (« cohorte de naissance 3D »), une équipe canadienne a tenté d'évaluer l'association entre l'activité physique maternelle, à savoir le sport et l'activité totale quotidienne, et le poids à la naissance du nourrisson ou le risque de poids inapproprié pour l'âge gestationnel. Cette recherche s’est basée sur les réponses à un questionnaire, données par 1 913 femmes enceintes au Québec et au Canada, concernant l'activité physique réalisée pendant la grossesse et à chaque trimestre. Les dépenses énergétiques liées à l'activité globale ainsi qu’aux activités sportives de différentes intensités ont été calculées en MET (équivalent métabolique / heures / semaine).
Quelques grammes de moins
Il a pu ainsi être constaté que chaque augmentation de 1 MET / heure / semaine durant le premier trimestre est associée à une réduction de 2,5 g du poids de naissance du nourrisson (intervalle de confiance à 95 % [IC 95 %] : - 4,8 à - 0,3 g) mais n'a pas été associée à un risque de faible poids pour l’âge gestationnel. En revanche, bien que non significative, une réduction de 17 % du risque de macrosomie a été observée avec plus de sport et d'exercice. En outre, chez les femmes ayant une pré-éclampsie (et exclusivement), chaque augmentation de 1 MET / heure passée à faire un exercice intense au premier trimestre a réduit le poids à la naissance du nourrisson de 19,8 g (IC 95 % : - 35,2 à -4,3).
Il ressort de cette étude de cohorte prospective que les femmes enceintes ayant des niveaux de sport et d'exercice élevés au premier trimestre ont donné naissance à des enfants de poids moindre. Le risque d’une réduction du poids de naissance en cas d’exercice « vigoureux » chez les femmes qui vont développer une pré-éclampsie nécessite une évaluation.
Ces résultats confirment néanmoins que les femmes enceintes avec grossesse à faible risque peuvent pratiquer en toute sécurité sport et exercices physiques dès les premiers mois de grossesse. Pour les femmes à risque élevé de pré-éclampsie, une plus grande prudence pourrait s’imposer.