Regarder les dents de la mère

Les divers professionnels de santé  (maïeuticien, gynécologue-obstétricien…) intervenant auprès des femmes enceintes ont un rôle de dépistage et de prévention important à jouer afin d’optimiser la prise en charge des parturientes.   Quel rôle pour la sage-femme ? Une étude australienne a tenté de montrer la plus-value d’un programme mené par des sages-femmes, dans la prévention des complications bucco-dentaires chez la femme enceinte.   Pour cela, l’équipe de recherche a procédé à  une étude randomisée au sein de trois établissements hospitaliers publics de Sydney, totalisant une cohorte de 638 femmes enceintes. Les femmes incluses dans cette étude étaient toutes âgées de plus de 18 ans et menaient une grossesse simple entre 12 et 20 semaines de gestation.  Les participantes étaient randomisées en 3 groupes : le groupe contrôle (n = 211), le groupe intervention n°1  (n = 215) et le groupe intervention n°2 (n = 212). Les sages-femmes impliquées dans cette étude étaient spécifiquement formées à l’évaluation de l’état bucco-dentaire des femmes enceintes après avoir suivi un programme de formation dispensé par des dentistes. Les femmes enceintes du groupe contrôle (GC) recevaient lors de la première visite anténatale, menée par la sage-femme, un récapitulatif général sur la santé bucco-dentaire et l’importance d’un suivi régulier et d’une bonne hygiène orale. Les participantes du groupe intervention n°1 (GI1) bénéficiaient d’un entretien avec une sage-femme qui procédait à une évaluation de l’état bucco-dentaire et les orientait vers un circuit de soin dentaire spécifique en cas de besoin. Le groupe intervention n°2 (GI2) était reçu par la sage-femme en premier lieu puis par un dentiste qui réalisait si besoin les soins dentaires nécessaires et ce, gratuitement. Au dernier trimestre de grossesse, l’état bucco-dentaire de toutes les femmes enceintes participant à l’étude quel que soit leur groupe, était évalués par un étudiant dentiste. Les dentistes plébiscités Au final, les résultats indiquent que le recours à un dentiste est plus fréquent pour les patientes es groupes 1 et surtout 2 (20,2 % GC ; 28,3 % GI1 ; 87,2 % GI2 ; Odds ratio GI2 vs GC= 29,72, intervalle de confiance à 95 % 15,02-58,53, p < 0,001). On observe que dans le GI2, les connaissances des femmes concernant la santé bucco-dentaire sont améliorées (p = 0,03), ainsi que la qualité de l’hygiène orale (p < 0.001)  et l’incidence de problèmes liés à la santé bucco-dentaire est moindre (p < 0,001). Cette étude est un bel exemple de collaboration interdisciplinaire efficace et réaffirme la richesse et l’étendue des domaines d’action des maïeuticiens qui jouent un rôle prépondérant dans le paysage de la périnatalité.