Recommandations et attitude pratique
Publié le 14 nov 2018Lecture 5 min
Règles de vie pour la prévention de la prématurité
Caroline BROCHET, Paris
Chaque année naissent environ 60 000 enfants prématurés en France, soit 8 % des naissances. La moitié de ces naissances prématurées surviennent après un travail spontané. La prévention de la prématurité est donc un enjeu majeur de santé publique, où la sage-femme, spécialiste de la physiologie, joue un rôle essentiel. Cet article, pratico-pratique, s’inspire largement des RPC éditées par CNGOF en 2016. Il donne des éléments concrets de prise en charge pour aider au suivi de grossesse.
L’activité physique
La prescription du repos
Il n’est pas recommandé de mettre préventivement au repos et de manière systématique les patientes présentant un col court asymptomatique avec une grossesse monofœtale. Il en est de même pour les patientes ayant un antécédent d’accouchement prématuré, un cerclage prophylactique ou une grossesse gémellaire de déroulement normal. Et ce d’autant plus que le repos au lit prolongé peut être responsable de complications thromboemboliques, musculaires, osseuses et psychologiques.
La prescription d’un arrêt de travail
Il n’est pas recommandé, pour prévenir la prématurité, de proposer un arrêt de travail systématique chez les patientes exerçant une activité professionnelle de 35h par semaine et sans pénibilité au travail.
En revanche, il existe une légère augmentation du risque de prématurité chez les patientes travaillant plus de 40 heures par semaine, ou ayant des conditions de travail physiquement éprouvantes selon le score de pénibilité au travail de Mamelle.
Les critères du score de Mamelle sont :
position debout > 1h / jour
travail sur machine
port de charge > 10 Kg
stress
exposition chimique ou physique au travail
Palmer KT et al. Work activities and risk of prematurity, low birth weight and pre-eclampsia: an updated review with meta-analysis. Occup Environ Med 2013. 70 : 213-22.
L’utilisation des transports
Il n’existe aucun argument scientifique aujourd’hui pour déconseiller le transport en voiture chez une patiente enceinte asymptomatique.
Les voyages fréquents et prolongés en avion (plus de 7 vols intercontinentaux pendant la grossesse) sont, eux, associés à une augmentation du risque d’accouchement prématuré.
La pratique sportive
Il est recommandé, chez les patientes présentant une grossesse mono-fœtale normale, de pratiquer une activité sportive modérée et régulière (15 à 60 minutes, 2 à 3 fois par semaine). Certains sports sont néanmoins contre-indiqués : sports violents ou de contact avec risque de chute ou de traumatisme abdominal, jeux de raquette énergiques, plongée sous-marine.
L’activité sexuelle
La pratique de rapports sexuels pendant la grossesse n’augmente pas le risque de prématurité, même chez les patientes ayant un antécédent d’accouchement prématuré. Il n’existe en revanche aucune donnée concernant l’impact de l’activité sexuelle chez les patientes ayant un col court.
Les grossesses rapprochées
Un délai de moins de 18 mois entre 2 grossesses est associé à un risque accru de prématurité.
Nutrition, vitamines et toxiques
La prise de poids
Le surpoids et l’obésité sont statistiquement associés à une augmentation de la prématurité induite, du fait des complications obstétricales, métaboliques et cardiovasculaires.
Par ailleurs, un indice de masse corporel inférieur à 18.5 kg/m2 avant la grossesse et une prise de poids insuffisante sont des facteurs de risque de prématurité spontanée.
La prise de poids optimale recommandée est de 10 à 14 kg pour une grossesse unique.
Le type d’alimentation
Une alimentation riche en fruits, légumes et céréales complètes pourrait être associée à une réduction de la prématurité spontanée.
Les supplémentations vitaminiques
Les supplémentations en vitamine D, en vitamine E et en acide folique (recommandée pour son rôle dans la prévention des anomalies de fermeture du tube neural) n’ont pas d’effet sur la prématurité.
La caféine
La caféine est retrouvée dans divers aliments à des concentrations différentes : 85 à 110 mg par tasse de café, 50 mg par tasse de thé, 30 à 45 mg par verre de cola et 25 mg par barre de chocolat. Jusqu’à 3 tasses de café par jour, le risque de prématurité n’est pas augmenté.
Le tabac
La consommation tabagique est associée à une augmentation de la prématurité spontanée. Il y a une corrélation entre quantité de tabac consommé et risque de prématurité.
Le sevrage tabagique est recommandé car il permet une diminution du risque de prématurité. Sans intervention (substituts nicotiniques seuls), ce sevrage est moins efficace qu’un sevrage tabagique avec intervention extérieure (consultation tabacologie, soutien psychologique, thérapies comportementales, hypnose etc).
La consommation d’alcool
La consommation d’alcool est formellement déconseillée pendant la grossesse du fait de sa fœto-toxicité. Au-delà de 36 g d’alcool par jour (environ 3 verres), le risque de prématurité est augmenté.
La cocaïne
Outre le fait que la consommation de cocaïne est très fœto-toxique, elle augmente aussi le risque de prématurité. Elle doit être proscrite pendant la grossesse.
Cannabis, marijuana
La consommation de cannabis est associée à une augmentation de la prématurité. Cette consommation doit être proscrite, d’autant que la composition du cannabis est variable et les composants ne sont pas toujours bien identifiés.
Situations de détresse psychologique
La dépression, l’anxiété et le stress pendant la grossesse
La dépression, l’anxiété et/ou le stress pendant la grossesse sont significativement associés à une augmentation du risque de prématurité.
Les antécédents
Il existe un lien entre la prématurité et les expériences négatives pendant l’enfance, telles que les violences verbales, physiques ou sexuelles, les négligences physiques ou affectives. Il est bien évidemment conseillé de dépister précocement les troubles psychologiques afin d’adresser toute femme concernée vers une aide professionnelle adaptée à ses besoins et à sa situation.
En pratique
Les facteurs de risque de la prématurité spontanée sur lesquels nous pouvons et devons agir sont la consommation de tabac (encourageons le sevrage tabagique avec intervention extérieure), le régime alimentaire (encourageons un régime riche en fruits, légumes et céréales complètes) et le travail de plus de 40 heures par semaine (ou le travail pénible avec port de charges lourdes). Lorsque la grossesse se déroule normalement, la pratique sportive modérée est recommandée, les rapports sexuels sont autorisés, les transports répétés en avion sont déconseillés. Il est important de rechercher dès le début de la grossesse tout signe de détresse psychologique afin de pouvoir proposer à ces patientes une prise en charge adaptée à leurs besoins. Par ailleurs, il est souhaitable d’informer les patientes du risque de prématurité inhérent aux grossesses rapprochées.
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