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Sexologie

Publié le 25 jan 2019Lecture 3 min

Excision et autres mutilations génitales féminines : état des lieux

Catherine VICARIOT, Meung-sur-Loire

Les mutilations génitales féminines (MGF) concernent 200 millions de jeunes filles et de femmes dans le monde. Clitoridectomie, excision des petites lèvres, infibulation et fermeture de la vulve, les conséquences de ces pratiques sur la santé physique, psychologique et sexuelle sont majeures. Violation des droits des femmes, elles sont interdites dans la plupart des pays où elles sont pratiquées, mais les législations sont souvent peu appliquées.

Une revue récente étudie 42 publications parues entre 1994 et 2017 et les données de quatre organisations internationales (Population Reference Bureau, UNICEF, United Nations Population Fund, OMS). Les MGF sont pratiquées majoritairement dans des pays en voie de développement d’Afrique sub-saharienne, du Moyen Orient ou d’Asie. Les plus fortes prévalences (> 90 %) sont retrouvées dans les pays de la Corne de l’Afrique (Djibouti, Érythrée, Éthiopie, Somalie) et des prévalences élevées en Égypte, en Mauritanie, au Mali et au Burkina Fasso, ainsi que dans certaines régions de Malaisie, d’Inde et d’Indonésie. Les populations immigrées dans les pays industrialisés perpétuent leurs traditions : par exemple on estime que dans l’agglomération de New-York 66 000 femmes, dont 20 000 mineures, sont concernées par les MGF. En France, en 2004, on estimait à 53 000 le nombre de femmes mutilées. Depuis 10 ans, de nombreuses actions ont été menées sans que ces pratiques diminuent significativement. Certaines baisses ne se confirment pas au fil des années (Mali, Burkina Fasso, République Centrafricaine). Néanmoins, la prévalence des MGF chez les jeunes filles de 15-19 ans est plus faible que chez les femmes de 45-49 ans (Nigeria, Éthiopie, Égypte, République Centrafricaine). Toujours le poids des conventions sociales L’âge auquel sont effectuées les MGF varie selon les groupes ethniques, le plus souvent entre 6 et 8 ans, mais parfois à la naissance ou lors des premières règles, voire avant le mariage. Les mutilations peuvent être faites chez une personne isolée ou dans un groupe de jeunes filles, accompagnées d’un rituel, de prières, de chants, de cadeaux. L’exécutant peut être une autorité religieuse (quelle que soit sa confession) mais aussi une matrone, une sage-femme ou… un médecin. Les instruments, classiquement rudimentaires, sont devenus plus sophistiqués : une lame de rasoir (à usage unique) ou un scalpel. L’asepsie et l’anesthésie étaient traditionnellement absentes, mais là aussi les techniques se modernisent. Les MGF ne sont pas uniquement l’apanage de populations rurales pauvres. En Somalie et au Soudan, l’amélioration de l’éducation s’est accompagnée d’une hausse de la pratique. Les conventions sociales, qui permettent de perpétuer ces pratiques, pèsent lourd sur les jeunes filles mais aussi sur leurs parents, qui font mutiler leurs filles afin de les préparer au mariage et à la vie de femme. Les MGF, en réduisant le désir sexuel, ont pour but d’assurer la virginité jusqu‘au mariage, puis la fidélité, et aussi d’augmenter le plaisir du conjoint. Les MGF n’apportent aucun bénéfice en matière de santé, bien au contraire. Les conséquences bien connues et les complications immédiates ou tardives sont nombreuses, physiques, psychologiques et bien sûr sexuelles. Dans les pays industrialisés, où se multiplient nymplasties et réjuvénations vulvaires, l’injonction qui est faite aux femmes de modifier leur anatomie vulvaire pour être appréciées par leur partenaire est de la même nature que celle qui, au nom de la tradition, mutile les petites filles en Afrique et un peu partout dans le monde. La différence, c’est que ces dernières sont souvent mineures et qu’elles doivent être protégées.

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