Publié le 23 fév 2021Lecture 3 min
Vaccination étendue à l’ensemble des adolescents : un pilier de la lutte contre les cancers HPV-induits
Michèle Deker, Paris
L’infection par les papillomavirus humains (HPV) est responsable de 2 % environ des cancers incidents, principalement cancers du col de l’utérus, de l’anus et de l’oropharynx. Contrairement aux autres cancers, les cancers liés aux HPV sont accessibles à une prévention grâce à la vaccination et au dépistage des lésions précancéreuses pour les cancers du col.
Tous les cancers du col utérin sont liés aux HPV. En France, ils touchent chaque année près de 3 000 femmes et causent environ 1 100 décès. Environ 90 % des cancers de l’anus sont liés aux HPV et concernent majoritairement les femmes (75 %), mais aussi les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), surtout s’ils sont infectés par le VIH. Près de 35 % des cancers de l’oropharynx sont liés aux HPV et parmi ceux-ci les localisations à l’amygdale et à la base de la langue sont les principales concernées.
Une vaccination élargie aux garçons et jeunes hommes…
Les recommandations vaccinales ont récemment évolué. Depuis 2020, la vaccination HPV est recommandée non seulement chez les jeunes filles et les jeunes femmes, mais aussi pour l’ensemble des garçons et des jeunes hommes dans les mêmes classes d’âge. La HAS recommande donc :
l’élargissement de la vaccination anti-HPV par la vaccination nonavalente pour tous les garçons de 11 à 14 ans révolus selon un schéma à 2 doses ;
un rattrapage possible pour tous les adolescents et jeunes adultes de 15 à 19 ans révolus selon un schéma à 3 doses ;
le maintien d’une recommandation vaccinale spécifique par la vaccination nonavalente pour les HSH jusqu’à 26 ans révolus selon un schéma à 3 doses.
Cet élargissement de la vaccination, qui devrait être plus systématique chez tous les adolescents, devrait contribuer à freiner la transmission des papillomavirus au sein de la population générale.
La vaccination HPV bénéficie aujourd’hui d’une expérience importante, avec un recul de plus de 14 ans et de plus de 420 millions de doses distribuées dans le monde. Aujourd’hui, 33 pays et 4 territoires ont des programmes de vaccination s’adressant aux femmes et aux hommes.
… et d’autant plus efficace qu’elle est initiée tôt
Grâce à la vaccination HPV, l’incidence des cancers invasifs du col, des lésions précancéreuses, des infections HPV et des condylomes a diminué comparativement à la situation prévaccinale. En Suède, par exemple, une réduction de 75 % des lésions précancéreuses a été observée chez les jeunes filles vaccinées avant l’âge de 17 ans. Une récente étude suédoise sur 1,6 millions de jeunes filles/femmes confirme pour la première fois que la vaccination HPV (vaccin quadrivalent dans cette étude) permet de réduire le risque de développer un cancer du col. Lorsque la vaccination est débutée avant l’âge de 17 ans, le risque est réduit de 88 % ; la réduction du risque est de 53 % lorsque la vaccination est initiée entre 17 et 30 ans (Lei J et al. N Engl J Med 2020 ; 383 : 1340-8).
En pratique
La vaccination contre les infections HPV est recommandée pour toutes les jeunes filles et tous les garçons âgés de 11 à 14 ans révolus.
Elle est d’autant plus efficace que ces sujets n’ont pas encore été exposés au risque d’infection HPV.
L’une des doses de vaccin peut être co-administrée, notamment avec le rappel diphtérie-tétanos-coqueluche-polio entre 11 et 13 ans, ou avec le vaccin contre l’hépatite B, ainsi qu’avec le vaccin contre le méningocoque C dans le cadre du rattrapage vaccinal.
Dans le cadre du rattrapage, la vaccination est recommandée entre 15 et 19 ans révolus. Ê La recommandation vaccinale des garçons est applicable depuis le 1er janvier 2021.
Toute nouvelle vaccination doit être initiée avec le vaccin Gardasil® 9. Les vaccins ne sont pas interchangeables et toute vaccination initiée avec le vaccin Cervarix® ou Gardasil® doit être menée à son terme avec le même vaccin, aussi longtemps qu’il restera disponible.
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