Publié le 02 aoû 2022Lecture 3 min
Infertilité, fausse couche et mortinaissance, peut-être un risque accru d’AVC
Anne-Cécile RIGAUD
L'infertilité ou certaines complications liées à la grossesse (fausses couches, mortinaissances) semblent exposer les femmes à un sur-risque d'accident vasculaire cérébral (AVC). Précisions.
Même si le taux d'incidence d’accident vasculaire cérébral (AVC) est plus élevé chez l’homme que chez la femme, le nombre absolu de femmes touchées par un AVC est supérieur, et leur pronostic est moins bon que celui des hommes. Les principaux facteurs de risque d’AVC sont bien identifiés, tels que l'hypertension artérielle (HTA), le diabète, les troubles du rythme cardiaque ou encore un taux élevé de cholestérol sanguin. Cependant, ceux-ci n'expliquent qu'en partie la différence de risque d'AVC entre les femmes et les hommes. Un nombre croissant d'études indiquent que les complications et l’issue de la grossesse, telles que l'hypertension induite par la grossesse, le diabète gestationnel, la prééclampsie et l'accouchement prématuré, sont associées à un risque d'AVC. D’autres événements propres à la vie des femmes tels que l'infertilité, les fausses couches, les mortinaissances (après 28 semaines de grossesse) partagent des facteurs de risque avec les AVC (on peut penser au diabète instable, à l’HTA, à l'obésité et au tabagisme), mais ont été moins étudiés. C’est dans ce contexte qu’une recherche exhaustive a été menée dans les bases de données habituelles concernant l’association entre l'infertilité, les fausses couches, les mortinaissances et les AVC.
Seize études de cohorte et 2 études cas-témoins portant sur 7 808 521 femmes ont été incluses dans cette méta-analyse. Les résultats ont mis en évidence que les femmes qui avaient présenté une fausse couche ou une mortinaissance étaient plus à risque d'AVC (fausse couche : risque relatif RR, 1,07 [intervalle de confiance IC à 95 %, 1,00–1,14] ; mortinaissance : RR, 1,38 [IC à 95 %, 1,11–1,71]). Le risque relatif d'AVC pour chaque fausse couche et mortinaissance supplémentaires était de 1,13 (IC à 95 %, 0,96 à 1,33) et de 1,25 (IC à 95 %, 1,06 à 1,49), respectivement. Dans l'analyse en sous-groupes, un risque accru d'AVC était associé à des fausses couches répétées et à des mortinaissances répétées (fausse couche ≥3 : RR, 1,42 [IC à 95 %, 1,05 à 1,90] ; mortinaissance ≥ 2 : RR, 1,14 [IC à 95 %, 1,04 à 1,26]). A l’inverse, les associations entre l'infertilité et l'AVC étaient incohérentes et non concluantes (HR, 1,07 [IC à 95 %, 0,87 à 1,32]).
Identifier les femmes à risque
Cette revue systématique et méta-analyse suggère donc que les femmes ayant fait une fausse couche ou subi une mortinaissance sont exposées à un risque accru d'AVC ultérieurement. De plus, la méta-analyse « dose-réponse » a également indiqué une augmentation du risque chez les femmes avec plusieurs fausses couches et mortinaissances. Les mécanismes biologiques qui pourraient être impliqués dans cette majoration du risque sont : (1) la dysfonction endothéliale, cause fréquente de perte de grossesse, qui pourrait persister après une grossesse compliquée, (2) un taux élevé d'homocystéine, autre facteur de risque de perte de grossesse, qui pourrait irriter les vaisseaux sanguins, rigidifier les artères et conduire finalement à un AVC ou à une crise cardiaque, (3) les facteurs auto-immuns et inflammatoires qui peuvent être impliqués dans les fausses couches à répétition, , liés à la thrombose artérielle, et pourraient également contribuer aux AVC ischémiques.
Au final, ces résultats soutiennent l'hypothèse selon laquelle les fausses couches et les mortinaissances représentent des facteurs de risque d'AVC spécifiques à la femme et pourraient permettre d’identifier les femmes à risque plus élevé d'AVC.
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