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Contraception

Publié le 17 avr 2023Lecture 4 min

Contraception : zoom sur les interactions médicamenteuses

Laura BOURGAULT
Contraception : zoom sur les interactions médicamenteuses

Quand leur prise se cumule, les médicaments peuvent générer un effet cocktail réduisant leur efficacité. Quel impact entraîne ce phénomène sur l’efficacité des dispositifs de contraception ? Précisément, à quel point un médicament peut modifier la pharmacocinétique de la contraception ?

Comme le rappelle le Dr Christian Jamin, gynécologue à Paris, à l’occasion du Congrès Gyn Caraïbes, organisé du 17 au 20 janvier 2023 au Gosier (Guadeloupe), « les COP et certains antirétroviraux  augmentent l’hépatotoxicité. Les hyper-kalémiant et les contraceptifs contenant de  la drospirénone. Les COP et traitements augmentant le risque de maladie veineuse thromboembolique (MVTE) ». Ces interactions pharmacodynamiques restent rares.    Il est intéressant de se rappeler à quel point un médicament peut modifier la cinétique d’un autre médicament. Et ce par des mécanismes de malabsorption, de distribution, de ressources métaboliques et d’élimination.    Dans quelle situation peut-on repérer des modifications de l’absorption intestinale médicamenteuse ? Avec des pansements gastriques et COP, et le charbon, dans les deux cas sous 2 heures de délai entre la prise et l’effet. En termes de symptômes, des troubles digestifs et notamment des épisodes de vomissement peuvent survenir dans les 4 heures. La chirurgie digestive, la pause d’un by-pass en particulier, peut accentuer ce phénomène de malabsorption. Antiépileptiques : des contraceptifs moins efficaces ? Certaines molécules vont pouvoir diminuer l’efficacité de contraceptifs en cas d’interactions médicamenteuses, « surtout si la concentration hormonale de ces dispositifs s’avère faible ».  Pour illustrer ce point, prenons l’exemple des traitements indiqués dans la prise en charge de « l’épilepsie et les trois molécules de référence ». Ces dernières vont respectivement « diminuer l’efficacité des EE et progestatifs de 47% (oxacarbazepine), de 20 à 30% concernant les progestatifs (topiramate), et de 13% concernant les EE et 42% pour les progestatifs (felbamate) », souligne le Dr Jamin.  Autre exemple de modification de la pharmacocinétique d’un médicament par la contraception cette fois-ci, toujours dans le domaine de l’épilepsie : le cas de de la lamotrigine. La COP est connue « pour diminuer de plus de 50% la concentration plasmatique en lamotrigine ». Conséquence : « un risque accru de récidive de crises d’épilepsie. » D’où l’importance « d’adapter les doses ».  L’acétate d’ulipristal constitue également un cas particulier. Ce dernier a un effet inhibiteur sur le récepteur de la progestérone. « S’il y a reprise du COP moins de 5 jours après l’utilisation de l’UPA, il existe un risque d’inefficacité et donc de grossesse non désirée. » Les médicaments à marge thérapeutique étroite, comme la ciclosporine, molécule dotée de propriétés immunosuppressives et anti-inflammatoires va nécessiter « une surveillance de sa concentration après le début d’une COP et après son arrêt ». DIU Lévonorgestrel et DIU cuivre Le DIU Lévonorgestrel fonctionne « par un effet local du progestatif. Les traitements inducteurs enzymatiques n’ont pas d’impact majeur sur ce dispositif ». Concernant le DIU cuivre, « mécanisme contraceptif par inflammation locale », se pose la question de l’impact « des AINS, des corticoïdes et des immunosuppresseurs. Les résultats des études publiées à ce jour, certes menées auprès de petites cohortes, sont rassurantes », prolonge le Dr Jamin. « Il n’existe pas de recommandation de grade élevé (Grade C). » Au global, « il est important de prendre compte le risque de diminution de l’efficacité contraceptive par interaction médicamenteuse, quels que soient la voie d’administration et le type de molécules ». En cas de traitement inducteur et immunosuppresseur, il convient de prescrire le DIU au lévonorgestrel Si un médicament inducteur enzymatique est en cours ou a été pris dans le mois précédent, mieux vaut privilégier une méthode non hormonale (DIU au cuivre) ou une double dose de lévonorgestrel Si une contraception hormonale est en cours ou envisagée après une CU, la recommandation est d’utiliser le lévonorgestrel plutôt que l’ulipristal  Si une contraception hormonale est envisagée après l’ulipristal, une contraception additionnelle mécanique sera à mettre en place pendant les 12 jours suivant la prise de l’ulipristal Autre point d’importance souligné par le Dr Jamin : connaître les sites d’information faisant référence en la matière : celui de l’ANSM et du VIH Liverpool. * la ciclosporine « prolonge la survie des greffes allogéniques chez l'animal et améliore significativement la survie du greffon pour toutes les transplantations d'organes solides chez l'humain »

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