Publié le 28 aoû 2019Lecture 2 min
Des sages-femmes pressées par le temps
Marie GÉLÉBART, Sage-femme, Gonesse
Les relations sages-femmes/futures mères ont des conséquences fondamentales sur le ressenti de l’accouchement. Des relations pas toujours faciles au Royaume-Uni lors d’une mise en travail chaotique, lorsque les professionnelles suivent les guidelines et tentent de ne pas hospitaliser les patientes avant 4 cm de dilatation. Ce qui ne manque pas de provoquer le mécontentement de ces femmes ne se sentant pas écoutées et renvoyées chez elles malgré la douleur.
À travers une recherche-action participative, une équipe a exploré des voies d’amélioration et pour cela a interrogé des jeunes mères individuellement et en groupe ainsi que des sages-femmes et a ensuite élaboré un scénario reprenant les principaux éléments des témoignages recueillis. Enfin, toutes les participantes ont été réunies et ont travaillé autour de cette histoire.
L’article s’est focalisé sur le discours des sages-femmes, pour qui la donnée majeure est le temps : celui qu’elles peuvent accorder aux patientes et celui qui leur faudra les faire attendre avant de les hospitaliser. Cette pression de l’horloge les rend moins disponible pour percevoir les émotions de la parturiente, mais retarder l’hospitalisation est également un moyen de ne pas être « en charge » : à la maison, la femme est sous sa propre responsabilité.
Proscrire le modèle du tapis roulant
Depuis une dizaine d’année, le système de santé britannique est comparé au tapis roulant d’une chaîne de production qui, pour atteindre les objectifs institutionnels, nécessite conformisme et absence de sentiment. L’objectif est de « nettoyer le tableau » et libérer des lits, pas d’offrir les meilleurs soins. L’accouchement inopiné à domicile, incident qu’ont vécu quelques unes des patientes refoulées n’est « que » la conséquence de la dépersonnalisation des soins.
Mais comme il y aura toujours des femmes qui arriveront trop tôt et d’autres dont le travail se déroulera trop vite pour qu’elles aient le temps d’atteindre la maternité, la relation de soin doit rester personnalisée à chaque patiente. Une souplesse encore plus nécessaire en cette période de changement de paradigme que constitue la nouvelle définition du travail actif (pour mémoire : à 5 / 6 cm).
Le système de santé britannique était donné, il y a quelques années, comme l’exemple à ne pas suivre. Alors espérons que les tapis roulants n’entreront pas dans les maternités françaises.
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