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Infections, pathologies, maladies dans le cadre de la grossesse

Publié le 24 mar 2020Lecture 4 min

À l’hôpital Delafontaine, à Saint-Denis (93) : tout était prêt pour accueillir des femmes potentiellement infectées par le COVID-19

Entretien avec le Dr Stéphane Bounan, Saint-Denis

Un entretien avec le Dr Stéphane Bounan, chef du service de gynécologie obstétrique

L’activité du service de gynécologie obstétrique de l’hôpital Delafontaine, se répartit entre la maternité avec 4 600 naissances par an, un service d’accueil d’urgence gynécologique et obstétrique et une importante activité « froide » en chirurgie gynécologique (hystéroscopies, colposcopies, cancers du sein, incontinences urinaires, etc.).

Report des activités « froides » Toutes les activités froides ont été purement et simplement déprogrammées, pour ne garder que le suivi des patientes enceintes, en précisant que ne sont convoquées à l’hôpital que les femmes très malades alors que les grossesses physiologiques (sans pathologie particulière) sont suivies sur entretien par téléphone. Hormis les urgences qui sont prises en charge immédiatement, il n’y a pas de risque à remettre les interventions, pour prolapsus par exemple, à une date ultérieure. Les secrétaires ont appelé chaque patiente, en expliquant la situation et les raisons pour lesquelles leur intervention allait être reportée. La plupart des PMI ont fermé, si bien qu’à la sortie de l’hôpital les parents n’ont plus le soutien des PMI pour s’occuper des nouveau-nés les premiers jours. Initialement, la visite des pères avait été interdite dans les maternités pour éviter les alleées et venues. Nous avons dû revenir sur cette interdiction en autorisant des visites brèves aux pères. En effet, dans de nombreuses familles, seuls les pères parlent français. Sachant qu’il n’y avait plus le soutien des PMI, les pédiatres ont tenu à pouvoir s’entretenir avec un membre de la famille comprenant bien le français pour lui expliquer comment surveiller un enfant les premiers jours, les raisons de consulter aux urgences, etc. Il n’était donc pas question de faire sortir une femme venant d’accoucher sans qu’elle ait un interlocuteur en ville vers qui se retourner en cas de difficultés. Depuis cette semaine, les pères ne sont plus admis… L’activité de niveau 3 est maintenue La réduction des activités froides permet de libérer des places pour gérer des patientes infectées par le Covid-19. Nous maintenons les activités essentielles qui sont de faire les accouchements, mais aussi les échographies car il n’est pas concevable que les femmes n’aient aucune échographie pendant leur grossesse, les IVG et les urgences telles une fausse couche hémorragique, une grossesse extra-utérine, donc toutes les interventions nécessitant un geste en urgence. Donc l’activité de niveau 3 est maintenue, le service continue de recevoir les patientes très malades en provenance de tout le réseau. Nous n’avions pas encore accueilli de patiente présentant une infection à coronavirus à la mi-mars, mais nous nous préparions dans l’attente, en installant le matériel et en prévoyant un renfort de personnel important, puisque toutes les vacances et jours de récupération ont été annulés. À la date du 24 mars nous avons 8 patientes COVID enceintes, dont 3 sous oxygène et 1 en réanimation et les chiffres augmentent de jour en jour. Des protocoles clairs et nets Nous travaillons en collaboration avec les autres maternités, avec tous les protocoles fournis par l’ARS et le CNGOF. Nous avons établi des protocoles clairs et nets afin d’être prêts le moment venu, tant en matériel qu’en termes de procédure. Nous connaissons les numéros de téléphone, les circuits patients, afin de ne pas contaminer les autres. Nous avons même prévu un circuit patientes spécifique pour les femmes infectées aux urgences. Dans l’éventualité où le flux de patientes devienne important, nous avons équipé tout l’espace de consultations, qui est actuellement inutilisé, pour le transformer en centre d’accueil d’urgences. Si nous devions recevoir 30 patientes par jour, nous aurions tout le matériel et le personnel nécessaires pour les recevoir dans des locaux hyperspacieux, soit le double de la surface réservée habituellement aux urgences. Il est possible que nous nous préparions et qu’il ne se passe rien ; c’est tant mieux, tout sera rétabli après. Les protocoles scientifiques et médicaux permettant de reconnaître une patiente dans un état grave, de la prendre en charge (oxygénothérapie, quand et qui transférer en réanimation, les n° de téléphone des infectiologues) tout est prêt et diffusé auprès des équipes. Ne pas séparer la mère et l’enfant Les recommandations des sociétés savantes diffèrent légèrement selon les pays ; certaines préconisent de ne pas faire l’allaitement, contrairement à d’autres. Les recommandations françaises, partant des études publiées qui montrent qu’il n’y a pas d’enfants malades, considèrent qu’il ne faut pas séparer la mère de l’enfant ; la mère infectée doit porter un masque et il faut mettre le berceau à 2 mètres du lit. Notre salle de réveil a été transformée en réanimation, ce qui pourrait impacter notre activité. Il faudra organiser donc autrement la surveillance des patientes opérées en urgence. D’autres salles ont donc été équipées pour faire de la surveillance post-interventionnelle.   Propos recueillis par M. Deker

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