Infections, pathologies, maladies dans le cadre de la grossesse
Publié le 29 avr 2020Lecture 3 min
Transmission materno-fœtale du SARS-CoV-2 : encore des doutes ?
Catherine VICARIOT, Meung-sur-Loire
Une nouvelle publication parue dans le JAMA, en provenance du Wuhan, rapporte l'observation d'une petite série de 6 femmes enceintes atteintes de COVID-19, entre le 16 février et le 6 mars 2020. Elles présentaient toutes une symptomatologie modérée et le diagnostic de COVID-19 avait été confirmé par la recherche du SARS-CoV-2 par RT-PCR et un scanner thoracique.
Elles ont toutes accouché au 3e trimestre de leur grossesse par césarienne, dans une salle à pression négative ; lors de la naissance, elles portaient un masque et n'ont pas eu de contact avec leur enfant, qui a été immédiatement isolé.
Les 6 enfants avaient un Apgar normal à la naissance et n'ont pas présenté de symptômes de COVID-19. Les recherches virales (RT-PCR) faites à la naissance étaient toutes négatives, tant sur les prélèvements pharyngés que dans le sang. Les recherches sérologiques des anticorps anti-SARS-CoV-2 étaient positives chez les 6 enfants, ils avaient tous des IgG et 2 d'entre eux avaient aussi des IgM. Tous avaient un taux de cytokine inflammatoire IL6 élevé.
Deux nouveau-nés avaient donc des IgG et des IgM anti-SARS-CoV-2 aux taux suivants :
cas n°1 : IgG = 125,5 et IgM = 39,6 AU/mL (mère : IgG = 136,72 et IgM = 83,97 AU/mL).
cas n°2 : IgG = 113,9 et IgM = 16,25 AU/mL (mère : IgG = 117,37 et IgM = 236,6 AU/mL).
Dans cette petite série, les taux d'immunoglobulines IgM étaient plus élevés chez les mères des 2 enfants porteurs d'IgM que chez les autres mères.
Transmission plutôt qu’infection
Les IgG maternelles sont transmises au fœtus de manière passive à travers le placenta, mais les IgM ne sont normalement pas transmises du fait de leur trop grande taille. On ne sait pas dans cette observation si les placentas présentaient des anomalies. Ces IgM pourraient être le témoin d'une infection du fœtus par le SARS-CoV-2.
C'est le second article qui rapporte la présence d'IgM anti SARS-CoV-2 chez des nouveau-nés de femmes atteintes de COVID-19, alors que la recherche virale par RT-PCR est négative et qu'ils n'ont aucun symptôme de l'infection. La première publication ne portait que sur un seul cas. Dans ces trois cas, la présence d'IgM nous conduit à nous interroger sur l'existence d'une transmission materno-fœtale du SARS-CoV-2, même si elle ne la prouve pas.
La plupart des diagnostics d'infections congénitales ne sont pas établis sur les tests de détection d'IgM, car ceux-ci peuvent présenter de fausses positivités dues à des réactivités croisées.
Les tests de détection des IgM ont une sensibilité et une spécificité variables selon les différentes pathologies, et sont moins fiables que les tests de diagnostic moléculaire en PCR.
De plus, la cinétique des IgM dans la 1re étude montrait une diminution particulièrement rapide, inhabituelle dans les infections congénitales : 45,85 AU/mL à 2 heures de vie et 11,75 AU/mL au 14e jour, pour un seuil de positivité à 10 AU/mL.
Les spécificités et les sensibilités des tests utilisés n'ont peut-être pas la fiabilité annoncée par leurs fabricants, compte tenu de l'urgence dans laquelle ils ont été élaborés.
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