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Infections, pathologies, maladies dans le cadre de la grossesse

Publié le 29 avr 2020Lecture 4 min

Quand un patient COVID-19+ tousse…même masqué

Philippe Tellier, Paris

Face à la pandémie de COVID-19, les masques de protection sont plus que jamais sur le devant de la scène. Les fameux FFP2 sont réservés aux professionnels de santé exerçant au sein de services hospitaliers réalisant des soins critiques, urgents ou invasifs. Les autres professions directement exposées au SARS-CoV-2 ont à leur disposition des masques chirurgicaux dont la distribution reste rationnée tant qu’il persiste une situation de pénurie, cette dernière interdisant toute affectation à d’autres demandeurs de plus en plus nombreux au sein de la population générale. C’est pourquoi les masques dits alternatifs ne cessent de gagner du terrain. Le pouvoir filtrant vis-à-vis de l’agent pathogène varie bien évidemment d’un masque à l’autre. Il est maximal pour les FFP2 mais il en va différemment pour les autres et il convient de rester circonspect devant les masques de fabrication artisanale élaborés avec les moyens du bord avec des tissus variés.

Expérience chez quatre patients Certaines études ont démontré que les masques N95 — équivalents étatsuniens des FFP2 européens — et les masques chirurgicaux étaient à même de s’opposer à la dissémination du virus influenza avec une efficacité comparable. La pénurie de tous ces masques au cours de cette nouvelle épidémie à coronavirus a favorisé la fabrication de substituts notamment à base de coton. Une étude expérimentale, menée à Séoul (Corée du Sud) s’est fixé pour objectif d’évaluer l’efficacité des uns et des autres. Quatre patients atteints d’un COVID-19 biologiquement confirmé ont été installés dans des salles à pression négative. Les masques évalués étaient des masques chirurgicaux jetables (180 x 90 mm, trois couches) ou des masques en coton 100 % réutilisables, fournis sous emballage plastique (160 x 135 mm, deux couches). Une boîte de Pétri contenant un milieu de culture adapté a été placée à environ 20 centimètres de la bouche des participants. Ces derniers ont été invités à tousser à cinq reprises - chacun leur tour- selon un protocole bien établi : absence de masque, masque chirurgical, masque en coton et à nouveau absence de masque.  Chaque épisode de toux a été associé à une boite de pétri spécifique. Les surfaces des masques ont été soigneusement frottées au moyen de tampons stériles de dacron à la recherche du germe. Prélèvements positifs à la surface externe des masques La charge virale médiane au sein de prélèvements nasopharyngés ou salivaires provenant des quatre participants a été respectivement estimée à 5,66 log copies/ml et 4,00 log copies/ml. La toux a contaminé toutes les boîtes de Pétri quel que soit le cas de figure : (1) absence de masque : 2,56 log copies/ml ; (2) masque chirurgical : 2,42 log copies/ml ; (3) masque de coton : 1,85 log copies/ml. Tous les prélèvements effectués au niveau de la surface externe des masques ont retrouvé le SARS-CoV-2. C’est le contraire qui a été observé pour leur surface interne, la plupart des prélèvements étant négatifs. Cette étude expérimentale a bien sûr ses limites, mais elle n’en attire pas moins l’attention sur un point important : les propriétés filtrantes des masques chirurgicaux et des masques en coton semblent insuffisantes pour s’opposer à la dissémination du SARS-CoV-2 provoquée par la toux de patients atteints d’un COVID-19. La taille des particules infectantes, comprise entre 0,04 et 0,2 μm — qui est  celle des particules du SARS-CoV estimée en 2002-2004 —, serait suffisamment petite pour leur permettre de passer à travers les mailles des masques chirurgicaux, a fortiori celles des masques en coton. Rester à bonne distance Comment expliquer par ailleurs la contamination préférentielle de la surface externe des masques ? Les auteurs estiment que des artéfacts ou des erreurs expérimentales ont peu de chance d’expliquer cette donnée a priori paradoxale. C’est plutôt du côté de la physique qu’il convient de chercher l’explication au travers des propriétés aérodynamiques des masques et de la dynamique des fluides. Les turbulences du jet provoquées par les fuites d’air au niveau des bords du masque pourraient contribuer à la contamination de la surface externe de ce dernier. Une toux énergique pourrait aussi faciliter la pénétration du masque par les microparticules virales. Quoi qu’il en soit, ce résultat est un argument de plus pour le lavage soigneux des mains lorsque celles-ci se sont aventurées sur la surface externe du masque chirurgical et il en va de même pour le masque en coton. L’expérience ne reflète pas la transmission réelle de l’infection mais elle n’en est pas moins instructive. Elle ne préjuge pas de l’impact du masque sur le parcours des gouttelettes dans l’air au moment de la toux, pas plus que des résultats qui pourraient être obtenus chez des sujets asymptomatiques ou suspectés de COVID, dès lors qu’ils ne toussent pas. Il se pourrait finalement que le risque de contamination de l’environnement lorsque un patient infecté par le SARS-CoV-2 tousse ne soit pas totalement prévenu par le port d’un masque chirurgical ou d’un masque en coton, d’où l’importance des gestes barrières. Le port généralisé du masque ne réglerait pas le problème sauf à l’associer à la distanciation sociale qui reste le geste primordial...

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