Publié le 16 avr 2021Lecture 3 min
Contrôle glycémique de la femme enceinte et ses complications fœto-maternelles
Dr Philippe TELLIER
En dépit de l’optimisation du contrôle glycémique au cours de la grossesse chez les patientes atteintes d’un diabète de type 1 (DT1), la fréquence des complications fœto-maternelles reste supérieure à celle des femmes non diabétiques.
Une étude d’observation uni centrique réalisée au CHRU de Lille (1) entre 1997 et 2019 a recherché une association entre les taux d'HbA1c et le pronostic tant fœtal que maternel.
La correction tardive d’un déséquilibre glycémique ne diminue que partiellement le risque de macrosomie
Au total, l’analyse a porté sur 726 grossesses survenues chez des patientes atteintes d’un diabète de type 1. L’âge moyen de ces dernières a été estimé à 30,2 ± 4,09, cependant que l’indice de masse corporelle médian était de 23,6 kg/m2 [écart interquartile 21,4-26,9] et les taux moyens pré gestationnels d’HbA1c de 7,2 ± 1,5 %. Un critère composite a inclus au moins une des complications suivantes : prématurité, prééclampsie, césarienne, retard de croissance intra-utérin ou encore macrosomie (LGA = large for gestational age).
Chaque augmentation d'HbA1c de 0,1 % a majoré significativement le risque de survenue du critère composite, l’odds ratio (OR) correspondant étant de 1,04 (IC95 %= [1,02-1,06]) lors du premier trimestre de la grossesse (T1) et de 1,07 (IC95 %= [1,04-1,10]) au troisième trimestre (T3).
Dans le sous-groupe caractérisé par une HbA1c> 6,5 % au T1 et < 6 % au T3, le risque de survenue du critère composite a été multiplié par près de 3, l’OR étant en effet de 2,81 (IC 95 % = [1,01-7,86] ; p<0,001) et par plus de deux quant au risque de macrosomie (OR =2,2 ; IC 95 %= [1,01-4,78] ; p<0,001). En revanche, dans le sous-groupe caractérisé par une HbA1c <6,5 % au T1 et > 6 % au T3, aucune des complications précédentes n’a été décelée.
Le déséquilibre glycémique au cours de la grossesse majore le risque de complications fœto-maternelles du T1 et du T3. Il faut idéalement assurer un contrôle glycémique optimal tout au long de cette dernière. La correction tardive (T3) d’un déséquilibre présent dès le T1 ne diminue que partiellement le risque de macrosomie mais c’est une option qui apparaît néanmoins comme plus que souhaitable car il l’atténue de manière significative.
La sleeve gastrectomie semble instaurer un profil glycémique plus physiologique que le bypass gastrique
La seconde étude (2) a abordé les effets de la chirurgie bariatrique sur le contrôle glycémique au cours de 156 grossesses. Les participantes atteintes d’une obésité et d’un diabète de type 2 avaient antérieurement bénéficié d’une sleeve gastrectomie (SG) (n=34) ou d’un bypass gastrique (BPG) (n=122).
Le profil glycémique pendant la grossesse a une incidence sur le pronostic fœtal : c’est ainsi que le temps passé en hyperglycémie est corrélé au risque de macrosomie, alors que celui passé en hypoglycémie augmente le risque de prématurité et de retard de croissance intra-utérin. La SG qui consiste à réduire le volume gastrique des deux tiers est-elle plus bénéfique que le BPG quant à la qualité du contrôle glycémique ? La réponse semble être positive si l’on en juge d’après les résultats de cette étude. La glycémie mesurée en continu entre les 24ème et 28ème semaine d’aménorrhée a révélé un profil glycémique proche du physiologique en cas de SG, par ailleurs significativement différent de celui observé après BPG. Ainsi, à moyenne glycémique comparable, les femmes opérées de SG ont passé significativement plus de temps dans la cible glycémique (95,3 % versus 86,9 % en cas de BPG) et près de trois fois moins de temps en hyper ou en hypoglycémie (respectivement 2,9 % vs 6,3 % et 1,9 % vs 6,8 %). La prise de poids au cours de la grossesse s’est avérée plus importante dans les suites d’une SG, mais le pronostic fœto-maternel n’a pas différé significativement d’un groupe à l’autre.
Cette étude est la première à se pencher sur le profil glycémique des femmes enceintes diabétiques qui ont bénéficié d’une chirurgie bariatrique avant leur grossesse. La SG semble instaurer un profil glycémique plus physiologique que le BPG sans influer a priori sur le risque de complications fœto-maternelles, ce qui reste à confirmer de manière prospective sur des effectifs plus conséquents.
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