Publié le 21 juil 2021Lecture 3 min
L’hypoglycémie néonatale transitionnelle peut durer plus que trois jours
Jean-Marc RETBI
L’hypoglycémie néonatale transitionnelle affecte électivement les nouveau-nés trop légers ou trop lourds pour leur âge gestationnel [AG] – hypotrophiques ou hypertrophiques -, les nouveau-nés de mère diabétique et les prématurés.
Classiquement, l'hypoglycémie néonatale est facile à corriger et ne récidive pas au-delà de 72 heures de vie. Une étude montre que, cependant, il arrive qu’elle se prolonge au-delà de H72.
En effectuant une recherche dans les bases de données néonatales de deux hôpitaux de Nouvelle-Zélande sur une période de 5 ans (2012-2016) MJ Bailey et coll. ont identifié 39 cas d’hypoglycémie transitionnelle prolongée chez des nouveau-nés à terme ou proches du terme (AG ≥ 36 sem.).
Les critères de sélection de ces cas comprennent un nombre d’épisodes d’hypoglycémie ≥ 2, dont au moins un avant H72 et un autre après H72, et une durée de traitement de plus de 3 jours. Une cause précise, congénitale (hyperinsulinisme génétique, maladie métabolique héréditaire, etc.) ou acquise (sepsis, encéphalopathie hypoxique-ischémique) a été éliminée.
L’incidence de l’hypoglycémie néonatale transitionnelle prolongée est estimée à 5,7 cas pour 10 000 naissances vivantes à ≥ 36 sem., dans les régions sanitaires des deux hôpitaux (39/67 965).
Le plus souvent les patients sont de sexe masculin (72 %), ont été extraits par césarienne en urgence (59 %) et réanimés (51 %). Ils ont présenté un retard de croissance intra-utérin (56 %) et ont un poids de naissance faible pour leur AG (61,5 %).
Risque accru chez les enfants hypotrophes
Ils ont été hospitalisés dans une unité néonatale pendant une médiane de 11 jours. En moyenne, ils ont présenté 6 épisodes d’hypoglycémie (< 2,6 mmol/l) au cours des deux premières semaines de vie, dont un < 1,2 mmol/l (< 0,20 g/l). Le premier épisode est survenu avant H6 dans 85 % des cas. Chez 38 % des patients la glycémie était instable, avec également des épisodes d’hyperglycémie. Tous les patients ont reçu une perfusion IV de glucose pendant une médiane de 6 jours, par un cathéter veineux central dans la moitié des cas, et 85 % des bolus de glucose IV en supplément. La dose maximale de glucose IV a dépassé 7,8 mg/kg/h dans 75 % des cas. En revanche, le glucagon et le diazoxide ont été peu utilisés. L’insulinémie était un peu augmentée, traduisant une hypersécrétion d’insuline. Aucun patient n’a refait d’hypoglycémie après la sortie de l’hôpital.
La comparaison avec des témoins non appariés qui ont présenté une hypoglycémie transitionnelle brève (n = 75), fait ressortir que le risque d’hypoglycémie transitionnelle prolongée est accru chez les hypotrophes (Odds Ratio [OR] = 6,4 ; Intervalle de Confiance de 95 % : 2,7-15,1), alors qu’il est réduit chez les hypertrophes (OR = 0,2) ou les nouveau-nés de mère diabétique (OR = 0,1). La sévérité et la répétition des hypoglycémies le 1er jour de vie, et la nécessité de bolus de glucose IV le 1er jour et d’un apport IV de glucose ≥ 8 mg/kg/j les 2 premiers jours prédisent une hypoglycémie prolongée.
Au total, chez un nouveau-né à terme, une hypoglycémie transitionnelle peut se prolonger au-delà de H72 et nécessiter un traitement au cours des deux premières semaines de vie. L’atteinte élective des hypotrophes s’explique par la conjonction d’une hypersécrétion d’insuline par les cellules béta du pancréas, qui ne sont plus freinées par les catécholamines, et de l’insuffisance des réserves en glycogène et en graisses.
Il aurait été intéressant de connaître le neuro-développement à plus ou moins long terme des cas, sachant qu’aucun d’eux n’a convulsé en période néonatale.
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