Publié le 27 juil 2021Lecture 3 min
Le lait maternel contribue à l’implantation du microbiote de l’enfant et au développement de son immunité
Roseline PELUCHON, Val-de-Reuil
Plusieurs études récentes suggèrent que le lait maternel, non seulement procure à l’enfant une protection passive contre les infections, mais favorise aussi son développement immunitaire.
Le lait maternel fournit à l’enfant des facteurs bioactifs parmi lesquels les immunoglobulines, cytokines, chémokines, facteurs de croissance, hormones, lactoferrine, dont le colostrum est particulièrement riche.
Il intervient aussi sur l’immunité de l’enfant par l’intermédiaire du microbiote intestinal, des HMO (Human Milk Oligosaccharides) et des vésicules extracellulaires. Leur implication dans le développement immunitaire du nourrisson retient l’intérêt, du fait des perspectives thérapeutiques qu’ils pourraient offrir.
Le microbiote du lait maternel, renforce l’immunité du nourrisson
Le lait maternel contient plusieurs centaines d’espèces bactériennes et contribue directement à l’implantation du microbiote intestinal de l’enfant.
Les travaux montrent une correspondance entre certaines souches spécifiques contenues dans le lait maternel et les selles du nouveau-né allaité.
L’origine des bactéries contenues dans le lait maternel n’est pas bien connue et, si la contamination par la flore commensale présente sur la peau de la mère a longtemps été retenue, elle n’explique pas la diversité microbienne retrouvée dans le lait. Une autre piste est explorée actuellement, celle de la voie entéro-mammaire, les bactéries du microbiote intestinal de la mère rejoignant les glandes mammaires, sans doute par la circulation sanguine et lymphatique. La composition et la diversité du microbiote du lait sont affectées par différents facteurs maternels : le terme de la grossesse, le mode d’accouchement, une antibiothérapie, l’alimentation, etc.
Le microbiote de l’enfant favorise la résistance aux infections, directement en exerçant une sorte de « compétition » avec les bactéries pathogènes, mais aussi en favorisant la maturation du système immunitaire. Il est établi que les 6 premiers mois de la vie représentent une période critique pour l’implantation du microbiote, pendant laquelle une dysbiose (déséquilibre du microbiote) peut avoir des conséquences sur la santé à long terme de l’enfant.
Les vésicules extracellulaires, une nouvelle piste de recherche
Les vésicules extracellulaires sont les composants du lait maternel les plus récemment identifiés, intervenant dans la réponse immunitaire intestinale et l’installation du microbiote. Elles véhiculent un ensemble de protéines impliquées dans la signalisation cellulaire (ARNm, ARNmi, protéines de membrane et protéines cytosoliques) et leurs propriétés sont actuellement activement explorées in vitro ou sur des modèles animaux. Elles ont l’objet de nombreuses interrogations notamment sur la façon dont elles survivent dans l’oropharynx et l’intestin et sur leur mode d’interaction avec le microbiome du nouveau-né.
Les oligosaccharides du lait maternel ou HMO interviennent eux aussi dans la maturation de l’immunité de l’enfant. Sucres complexes solubles, synthétisées dans les glandes mammaires, ils ne sont pas digestibles par l’intestin du nourrisson. Ils jouent un rôle de prévention des infections et favorisent la croissance des « bonnes bactéries », facilitent l’implantation d’un microbiote de bonne qualité et font en quelque sorte office de prébiotiques. Leur synthèse en laboratoire est à l’étude afin d’envisager une supplémentation nutritionnelle.
De nombreuses questions de recherche restent posées notamment sur le rôle de ces différents composants dans le développement de l’immunité de l’enfant. Affaire à suivre de très près.
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