Publié le 14 jan 2022Lecture 3 min
Des anticorps IgG et IgA dans le lait des mères vaccinées contre la Covid-19
Jean-Marc RETBI
Des chercheurs espagnols ont identifié et dosé les anticorps anti-S1 apparus dans le sang et le lait de 100 femmes allaitantes après une vaccination avec un vaccin à ARNm, le plus souvent le BNT162b2 de Pfizer.
L’infection à SARS-CoV-2 et la vaccination contre la Covid-19 induisent des anticorps spécifiques, que l’on retrouve dans le lait des mères qui allaitent. Par différence avec l’infection naturelle les anticorps induits par la vaccination avec un vaccin à ARN messager [ARNm] sont dirigés uniquement contre le fragment S1 de la protéine spike, qui comprend le domaine de liaison au récepteur ACE2 des cellules de l’épithélium respiratoire [RBD-S1]. Cependant, les connaissances sur les anticorps anti-S1 post-vaccinaux présents dans le lait maternel sont encore parcellaires.
Des chercheurs espagnols ont identifié et dosé les anticorps anti-S1 apparus dans le sang et le lait de 100 femmes allaitantes après une vaccination avec un vaccin à ARNm, le plus souvent le BNT162b2 de Pfizer.
Les 98 femmes qui n’avaient pas été infectées par le SARS-CoV-2 auparavant (absence d’anticorps anti-nucléocapside dans le sang) allaitaient depuis <6 mois à >24 mois au moment de la vaccination. Elles ont été prélevées 14 jours après la 2e dose de vaccin pour doser les anticorps anti-S1 de type IgG et IgM dans le sérum et de type IgG, IgM et IgA dans le lait. Vingt-quatre femmes allaitantes non vaccinées ont servi de contrôles pour les dosages d’anticorps.
Quatorze jours après la 2e dose d’un vaccin à ARNm, 100 % des sérums maternel contiennent des anti-S1-IgG à des taux supérieurs au taux « neutralisant » pour le test utilisé (taux moyen : 3379 ± 1639 BAU/ml ; taux neutralisant : 560 BAU/ml) ; 22,5 % sont positifs pour les anti-S1-IgM.
Simultanément, 100 % des échantillons de lait maternel contiennent des anti-S1-IgG à des taux plus bas que les taux sériques (taux moyen : 12 ± 11 BAU/ml) ; aucun n’est positif pour les anti-S1-IgM, mais 89 % contiennent des anti-S1-IgA.
Chez les mères vaccinées il y a une corrélation entre les taux d’anticorps anti-S1 de type IgG du sérum et du lait (r = 0,35), et une corrélation encore plus forte entre les taux d’anticorps anti-S1 de type IgG et de type IgA du lait (r = 0,75). Ces résultats suggèrent que les lymphocytes qui sont présents dans la muqueuse glandulaire après la vaccination produisent des anticorps anti-S1 de type IgA en plus des anticorps anti-S1 de type IgG.
Les taux d’anticorps anti-S1 de type IgG et IgA du lait des mères vaccinées dépendent de la durée de l’allaitement. Ils sont significativement plus élevés lorsque la durée est ≥24 mois que lorsqu’elle est <24 mois (p <0,001 pour les différences de concentration). En revanche, le type d’allaitement, total ou partiel, n’a pas d’influence sur ces taux.
Une durée d’allaitement de ≥24 mois et des concentrations d’anti-S1 de type IgG élevées dans le sérum prédisent, de façon indépendante, des concentrations d’anti-S1-IgG élevées dans le lait de la mère. Ainsi, par comparaison avec une durée de moins de 24 mois, une durée d’allaitement de supérieure ou égale à 24mois augmente le taux d’anti-S1-IgG de 17 BAU/ml en moyenne.
Au total, cette étude montre que les femmes qui allaitent et sont vaccinées contre la Covid-19 avec un vaccin à ARNm produisent des anti-S1-IgG dans le sérum et dans le lait ainsi que, très souvent, des anti-S1-IgA dans le lait. Les anticorps de type IgG et IgA sont détectés dans le lait tant que la mère allaite. C’est un argument pour dire que le lait d’une femme vaccinée peut protéger le nourrisson d’une infection à SARS-CoV-2. Sans doute faut-il tenir compte du volume de lait ingéré en plus de la concentration des anticorps dans le lait.
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