Publié le 10 aoû 2021Lecture 5 min
Application des 1 000 jours : les premiers pas des petits et des parents !
L. BOURGAULT
Entre le 4ème mois de la grossesse jusqu’au 2 ans du petit, le(s) parent(s) et le nouveau-né vivent une période particulièrement importante. Cette phase des 1 000 jours fait aujourd’hui l’objet d’une application mobile nourrie d’informations personnalisées sur la grossesse, le post partum, le développement du nouveau-né et la relation parent-enfant, source de joie… comme d’appréhension.
Devenir père, devenir mère, s’épanouir en tant qu’enfant. Ces problématiques universelles mènent aujourd’hui les politiques et les professionnels de la parentalité à repenser l’accompagnement des couples lors de l’arrivée de leur tout petit.
C’est dans cette optique que le programme des 1 000 jours est né. Point de départ de cette belle aventure en septembre 2019 quand le Président de la République, Emmanuel Macron, donne le feu vert de la commission[1] des 1 000 jours. « A ce stade, l’objectif était de mener les auditions auprès des spécialistes qui vont graviter autour des parents et de mettre en œuvre le rapport, avec un accompagnement technique et un éclairage sur les politiques publiques autour du soutien à la parentalité », décrit Love Andrieu, chargée de mission Soutien à la parentalité et gouvernance des services aux familles à la Direction générale de la cohésion des soins (DGCS).
Le 8 septembre 2020, le pédopsychiatre Boris Cyrulnik remet le rapport dédié à Adrien Taquet, secrétaire d’Etat en charge de l’Enfance et des Familles. Riche document étayant la place des parents et l’importance de cette période dans le développement physique et psychique des petits êtres en devenir. Au sommaire : l’entretien prénatal précoce[2], l’allaitement, les congés de naissance, la prématurité, le développement cognitif, l’apprentissage du langage, le sommeil des enfants. Ou encore le renforcement des visites à domicile, la prévention, le repérage et la prise en charge de l’épuisement parental, des dépressions périnatales, des violences conjugales.
Au cœur de l’ADN de ce projet :
Donner les clés de compréhension aux parents sur toutes les phases de la grossesse comme du développement de l’enfant ;
Valoriser l’efficacité des interventions précoces auprès du nouveau-né et/ou du couple en cas de potentiels troubles d’ordre physiologique, neurodéveloppemental, psychoaffectif ou psychosocial.
Cette approche est directement inspirée du Canada, du Danemark et du Royaume-Uni. A noter que la période des 1 000 jours se rapporte en général au 4ème mois de la grossesse jusqu’au 2 ans de l’enfant. Mais il s’agit-là d’un simple indicateur. « Selon les situations, cette phase peut s’initiée dès le stade pré-conceptionnel jusqu’au troisième anniversaire du petit », détaille Love Andrieu.
Des informations fiables pour soutenir les parents
Après la mise en œuvre du rapport, 24 propositions ont été retenues par Adrien Taquet : entre autres l’application des 1 000 jours, disponible sur App Store et Google Play depuis le 1er juillet 2021. « Cette application a été pensée par et pour les parents », explique Love Andrieu. « De novembre 2020 à mars 2021, nous avons investigué les besoins auprès de 5 000 parents par un questionnaire[3] » et structuré l’application en fonction des thématiques les plus souvent évoquées. »
L’objectif : faciliter l’accès à des données validées par des spécialistes et régulièrement mises à jour, avec un souci d’équité. « Nous avons souhaité éviter la perte de temps, l’éparpillement, quand les parents doivent aller chercher des informations. Les inégalités se creusent quand les couples n’ont pas assez de temps à accorder à cette quête ou n’accèdent pas tous aux mêmes sources d’information ».
L’appli des 1 000 jours comprend 4 fonctionnalités :
Fonctionnalité 1 : des contenus spécialisés (articles et vidéos) sur chacune des 8 phases[4] des 1 000 jours ;
Fonctionnalité 2 : un calendrier personnalisé informant le(s) parent(s) des consultations jalonnant les 1 000 jours, les spécialistes à rencontrer sur le parcours de la parentalité[5], « avec des notifications de rendez-vous à J-7 et à J-0, ce qui permet aux deux membres du couple d’avoir les mêmes repères » ;
Fonctionnalité 3 : un outil pour informer sur la dépression du post partum et aider les parents à se poser les bonnes questions sur les symptômes associés, « à partir de l’échelle EPDS sans établir de score dans les premiers temps ». Puis de proposer une mise en relation avec un professionnel de santé spécialisé, « si le couple ou la personne souhaite être recontactée ». A la fin de l’année 2021, « nous mettrons en place un score, et le rappel sera automatique en cas de besoin de soutien », détaille Love Andrieu ;
Fonctionnalité 4 : une cartographie pour géolocaliser les ressources de proximité liées à la parentalité (sages-femmes, aides à domicile spécialisées parentalité, pédiatres, PMI…).
Grâce à l’application des 1 000 jours, les parents sont guidés en réponse à leurs doutes et préoccupations du quotidien : la charge mentale s’en trouve allégée. Il en va de même du côté des professionnels de la santé, rassurés que les femmes et les couples aient accès ces précieuses ressources.
Mieux repérer la survenue d’une dépression du post partum
Dans sa fonctionnalité 3, l’application des 1 000 jours permet d’évoquer le sujet encore tabou des dépressions du post-partum. Ce trouble, caractérisé par une persistance des symptômes dépressifs pendant plus de deux semaines après l’accouchement, survient dans 10 à 15% des cas toutes situations confondues[6], et chez 33% des femmes et 17% des hommes lorsque l’enfant naît prématurément et est admis en soins intensifs[7].
De nombreuses femmes et couples ne trouvent pas l’espace pour parler de leurs ressentis, de leur expérience de père ou de mère dans laquelle il est possible de perdre pied. « Nous avons mis au point une fonctionnalité permettant aux femmes et aux couples de parler de ce qu’ils vivent », décrit Love Andrieu. Aucune injonction, mais de l’information : une passerelle pour poser des mots sur une souffrance trop souvent passée sous silence.
[1] La commission rassemble 18 experts : neuropsychiatres, sage-femme, spécialistes de l’éducation, de l’éveil des enfants, de l’accompagnement social des parents, cliniciens spécialistes de la grossesse et du jeune enfant
[2] L’objectif en 2022 est d’atteindre 100% d’entretiens prénataux précoces contre 28% selon l’enquête périnatale 2016
[3] 50 entretiens qualitatifs auprès des parents ont été menés, et 100 partenaires institutionnels et 200 professionnels de santé ont été consultés
[4] Projet de parentalité, conception, début de grossesse, suite et fin de grossesse, accouchement, de 0 à 3 mois, de 4 à 12 mois et de 12 à 24 mois
[5] PMI, CAF, RAM, MDPH (structures), médecin traitant, sage-femme, pédiatre, gynécologue, psychomotricien, infirmière puéricultrice, psychologue, médecin ORL
[6] Julie S. Moldenhauer, Dépression du post-partum, MD, Children's Hospital of Philadelphia, Dernière révision totale mai 2020 [En ligne], consulté le 9 août 2021. Disponible : https://www.msdmanuals.com/fr/professional/gyn%C3%A9cologie-et-obst%C3%A9trique/soins-du-post-partum-et-troubles-associ%C3%A9s/d%C3%A9pression-du-post-partum
[7] Craig F. Garfield, Depression in dads of preemies deserves more attention, Pediatrics, Ann & Robert H. Lurie Children's Hospital of Chicago, le 18 juin 2021
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