Publié le 31 oct 2018Lecture 3 min
« Violences obstétricales » : pour l’Académie de médecine les « griefs » sont « bien réels »
Frédéric HAROCHE, Paris
Ces derniers mois, a été de plus en plus largement évoquée et dénoncée l’existence de « violences obstétricales », terme qui peut renvoyer soit à des actes non conformes aux recommandations, soit à des soins médicalement justifiés mais réalisés sans information préalable et/ou sans le consentement de la patiente ou encore avec une apparente brutalité, un non-respect de la dignité, de la pudeur ou de l’intimité.
Plutôt que d’y voir, comme certains, le stigmate d’une défiance injustifiée vis-à-vis du corps médical, l’Académie de médecine salue, dans un rapport, un débat qui « a le mérite de susciter une réflexion sur l’amélioration du fonctionnement de nos maternités » étayé par des « observations indiscutables et relayés par les forums de discussion ayant fourni la matière à un certain nombre d’ouvrages très critiques ».
Néanmoins, en préambule de leurs recommandations, les sages de la rue Bonaparte mettent en garde : « ces griefs, bien réels, ne devraient pas servir de justification à la remise en cause de pratiques validées et recommandées (…) pas plus qu’à la promotion d’alternatives dans les lieux et les pratiques d’accouchement mettant en jeu la sécurité des mères et de leurs nouveau-nés, telles que l’accouchement à domicile ou les maisons de naissances dissociées des maternités ».
La formation à l’information
L’Académie souligne en premier lieu la nécessité d’améliorer la formation des soignants à l’information des patientes, notamment grâce à la simulation, qui doit prendre une « place majeure dans l’apprentissage, le perfectionnement des gestes techniques et du travail en équipe mais aussi pour l’amélioration de la communication, le respect de l’autonomie des femmes enceintes et de leur entourage ».
Pour détecter les services où la communication aux patientes est déficiente, l’Académie propose que « le principe des revues de mortalité et de morbidité (RMM) recommandé par la HAS soit étendu aux situations difficiles, aux incidents, aux plaintes en l’absence de conséquence grave sur la santé des parturientes ou de leur nouveau-né, dans un souci d’amélioration collective ». Une telle mesure permettrait notamment l’édiction d’indicateurs à destination des femmes pour qu’elles choisissent « leur lieu d’accouchement en fonction des pratiques de chaque établissement »
Des documents d’information concernant les pratiques obstétricales courantes devraient par ailleurs être élaborés avec la collaboration active des associations d’usagers, en utilisant tous les supports de diffusion possible.
Enfin, sur ce chapitre, l’institution s’étonne de la confusion qui existerait chez les professionnels de santé entre information et consentement.
Secteurs physiologiques
Autre puissant levier d’amélioration pour l’Académie, l’évolution du fonctionnement des salles de naissance « où doivent pouvoir coexister des modalités de prise en charge différentes en favorisant la mise en place de secteurs physiologiques », pour les patientes à bas risque, tout en garantissant la possibilité de passer, en cas de nécessité, à une prise en charge « classique ». Cette évolution supposant « une attention toute particulière au respect de la pudeur, de l’intimité des couples, en évitant toute remarque ou posture désobligeante ou infantilisante ».
Des salles de naissance où les soignants devraient être davantage présents pour atteindre un quota d’une sage-femme par femme en travail. Sur ce point, l’Académie se fait même revendicative en insistant sur la nécessité pour les professionnels et les usagers de « faire cause commune avec la participation des sociétés savantes afin d’obtenir gain de cause ».
Enfin l’Académie argue que « l’évaluation précise, au cours de l’accouchement, de la douleur et sa prise en charge (…) doivent constituer une priorité. Le ressenti des patientes doit être entendu, et, sauf urgence extrême, il convient de toujours vérifier et améliorer, si nécessaire, la qualité de l’analgésie en cas d’intervention médicale : extractions instrumentales ou césarienne ».
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