Publié le 14 avr 2019Lecture 3 min
Fermeture des petites maternités : pourrait-il en être autrement ?
Frédéric HAROCHE, Paris
Paris, le mercredi 3 avril 2019 - Dans une tribune publiée dans le Journal du Dimanche et la presse quotidienne régionale, le ministre de la santé, Agnès Buzyn a défendu, une nouvelle fois, la fermeture des petites maternités qui s’accompagnera, annonce-t-elle « d’une série de garanties ».
Elle réaffirme en préambule que là où la présence de pédiatres, de gynécologue-obstétriciens, de sages-femmes et d’anesthésistes est insuffisante pour assurer la sécurité des mères et des nouveau-nés, les maternités subiront une « transformation » puisque « maintenir localement une maternité sans médecins pour la faire tourner n'est ni un service à leur rendre ni l'idée que je me fais du service public ».
La maternité sans maternité
Elle promet, en contrepartie, de généraliser dès cette année « le pack de services Engagement maternité garanti pour chaque femme dont le domicile se trouve à plus de 30 minutes d'une maternité. Il comprend le remboursement par l'Assurance maladie du transport sécurisé vers la maternité en urgence ou pas, de l’hébergement des femmes et de leur famille en hôtel près de la maternité quelques jours avant le terme de la grossesse si elles le souhaitent, et de toutes les consultations de la grossesse à domicile ou non suivant les besoins de chacune ».
Aussi « pour éviter les risques liés à un accouchement inopiné, une permanence de sages-femmes sera mise en place dès 2019 dans tous les territoires éloignés, l'équipement nécessaire sera systématiquement disponible et une sage-femme libérale formera localement les professionnels du Samu à ce type d'intervention ».
La quadrature du cercle
Dans une tribune publiée par Le Figaro et une interview à la Radio RCF, le patron du CNGOF, le Pr Israël Nisand, arrive à la même conclusion après avoir évoqué un véritable casse-tête.
« Les données chiffrées sur les complications induites par la distance entre le domicile d’une femme et sa maternité convergent vers un seuil de 45 minutes de déplacement (quelle que soit la saison) au-delà duquel morbidité et mortalité périnatales seraient doublées. La pathologie augmente aussi quand il n’y a pas de pédiatre sur place ou quand les obstétriciens doivent se déplacer en urgence par absence de garde organisée sur place » rappelle-t-il.
Il y a donc un choix à faire entre développer les transports et déployer les moyens nécessaires à la sécurité sanitaire des parturientes sur place, mais l’équation a encore d’autres inconnues, puisque comme le souligne le Pr Nisand « poster un obstétricien dans un endroit isolé, qui va y périr d’ennui faute d’activité, y perdre son expertise et le faire manquer ailleurs, là où on a besoin de lui, est une décision impossible à prendre sauf à utiliser la contrainte, peu de mise dans notre pays ».
Semble-t-il la mort dans l’âme, l’obstétricien de Strasbourg conclut qu’il « faudra donc bien se résoudre à transformer certaines maternités en Centres périnataux de proximité (…). Il faudra hélas encore fermer d’autres maternités par manque d’obstétriciens, et les intérimaires très onéreux ne suffiront plus à éviter l’orage politique en vue dans notre secteur »…
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