Publié le 01 juil 2020Lecture 4 min
Veine du MS ou du MI pour monter un cathéter transcutané chez le nouveau-né ?
Jean-Marc Retbi, Saint-Denis
Les Cathéters Transcutanés Centraux [CTcC), ou épicutanéo-caves, sont utilisés en période néonatale comme voie d’abord veineuse pour la nutrition parentérale et l’injection de médicaments. Plusieurs études ont décrit les complications de ces cathéters. L’étude de GC Pet et coll. s’en démarque parce qu’elle compare les complications des cathéters insérés via une veine d’un membre supérieur [MS] et des cathéters insérés via une veine d’un membre inférieur [MI].
En 42 mois, 1 234 cathétérismes ont été effectués avant J28 chez 918 nouveau-nés de 23 à 42 sem. admis dans diverses unités de deux hôpitaux des USA.
Le recrutement est varié, avec 54 % de prématurés, 58 % d’enfants atteints de pathologies abdominales ou cardiaques, 62 % d’opérés, et il comprend une majorité de patients dans un état grave (en ventilation mécanique, etc.). Les cathéters ont été posés à l’âge de 7 j et au poids de 2,4 kg, et ils sont restés en place 10,6 j (valeurs médianes). Ils sont en polyuréthane ou en silicone et ont un calibre allant de 1 à 4 Fr.
Cinq-cent-vingt-quatre cathéters (42,5 %) ont été introduits par une veine d’un MS afin d’être montés jusque dans un tronc veineux brachio-céphalique, ou à défaut, dans une veine sous-clavière, et 710 (57,5 %) ont été introduits par une veine d’un MI afin d’être montés au-dessus de la bifurcation de la veine cave inférieure. La position de l’extrémité du cathéter a été contrôlée par une radiographie dans les unités de soins, ou par radioscopie / échographie en salle de radiologie interventionnelle (7,3 % des cathétérismes).
Les données sur les complications sont tirées des notes inscrites dans les dossiers médicaux et les feuilles de surveillance infirmières.
Complications dans un tiers des cas
Globalement, 34,4 % des cathéters (425/1 234) ont entraîné une ou plusieurs complications, en incluant les malpositions — trajets aberrants et déplacements secondaires — et les échecs de pose. Et 28,4 % des cathéters (351/1 234) ont été enlevés de façon anticipée. En plus des malpositions (8,1 %) et des échecs de pose (4,9 %), les complications comprennent le dysfonctionnement/l’occlusion du cathéter (6,2 %), les anomalies au point d’entrée — phlébite, rougeur, œdème — (5,0 %), la fissuration/la rupture du cathéter (5 %), un thrombus (4,7 %), la sortie accidentelle du cathéter (3,0 %), une extravasation (1,4 %) et l’infection (1,4 %). L’unique décès est dû à une tamponnade consécutive à une extravasation de liquide dans le péricarde.
En analyse multivariée, le risque de complications et le risque d’ablation anticipée d’un CTcC sont significativement accrus par quatre facteurs : une pathologie abdominale (par ex., une entérocolite ulcéro-nécrosante), une intervention chirurgicale, une nutrition parentérale, l’insertion du cathéter via un MS. En revanche, le risque de complications est réduit si le CTcC reste en place plus de 10,6 j. Le matériau et le calibre du cathéter n’ont pas d’influence sur les deux risques ; toutefois, 15 des 17 extravasations, y compris l’épanchement péricardique, sont liés à des cathéters en polyuréthane.
L’introduction par une veine du MS semble moins favorable
La comparaison des deux lieux d’introduction des CTcC tourne au désavantage de l’introduction par une veine du MS : il y a 40 % de complications aux MS vs 30 % aux MI (Odds Ratio ajusté [ORa] : 1,41, p < 0,01) et 35 % d’ablations anticipées aux MS vs 24 % aux MI (ORa : 1,70, p < 0,001). Les malpositions, les échecs de pose et les extravasations sont plus fréquents après une introduction par un MS alors que les anomalies au point d’entrée sont plus fréquentes après une introduction par un MI.
Les auteurs recommandent donc d’insérer les CTcC via les MI quand c’est faisable.
Leur recommandation mérite discussion. Avec une définition moins large des complications, excluant les trajets aberrants et les échecs de pose, l’écart entre les taux de complications des CTcC introduits par un MS ou un MI se resserre (27,1 % vs 25,6 %). Le « recul » du cathéter dans la veine sous-clavière avec la croissance et l’extravasation seraient aussi plus rares avec les cathéters introduits par un MS si leur extrémité était positionnée à la jonction veine cave supérieure/oreillette droite plutôt que dans le tronc veineux brachiocéphalique. Au final, ce que l’étude permet seulement d’affirmer c’est que l’insertion d’un CTcC est généralement plus facile via une veine du MI que du MS.
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