Publié le 20 oct 2020Lecture 3 min
Mais où sont passés les très grands prématurés pendant le confinement ?
Jean-Marc Retbi, Saint-Denis
Au printemps dernier, un confinement plus ou moins rigoureux a été imposé dans un grand nombre de pays occidentaux pour ralentir la progression de l’épidémie de Covid-19. Dans certains de ces pays, des unités de soins intensifs néonatales [USIN] ont constaté une diminution concomitante des admissions de très grands prématurés. Au Danemark, une étude a évalué l’ampleur du phénomène au niveau national le premier mois du confinement, du 12/03 au 14/04/2020.
Comme les dépistages néonataux sont centralisés au Danemark, le registre de ces dépistages a permis de dénombrer exhaustivement les naissances vivantes du 12/03 au 14/04/2020, avec leurs âges gestationnels, ainsi que pendant les périodes identiques des années 2015 à 2019.
De 2015 à 2020 inclus, 31 180 singletons sont nés vivants au cours de la fenêtre d’étude.
Chute du nombre de naissances de TGP en mars-avril 2020
Pendant le 1er mois du confinement, le nombre des naissances vivantes (n = 5 162), et le taux des naissances prématurées (4,8 %) sont similaires aux moyennes des années précédentes (n = 5 203 et 5,0 %, respectivement).
Ce qui a changé c’est la distribution des âges gestationnels des prématurés. En mars-avril 2020, les très grands prématurés (< 28 sem.) ne représentent plus que 0,19 p 1 000 naissances vivantes versus 2,19 p 1 000 naissances, en moyenne, de 2015 à 2019 (Odds Ratio : 0,09 ; Intervalle de confiance de 95 % : 0,01-0,40 ; p < 0,001). La proportion des prématurés de 28 à < 32 semaines a augmenté — non significativement —, comme si les accouchements de très grands prématurés avaient été retardés de quelques semaines. Par comparaison avec la courbe des années 2015-2019, la courbe de Kaplan-Meier des naissances prématurées en fonction de l’âge gestationnel de mars-avril 2020 est décalée vers 37 sem., la limite inférieure des naissances à terme.
En revanche, avant le confinement, du 20/01 au 22/02/2020, la distribution des âges gestationnels était similaire à la période identique des années 2015 à 2019.
Moins de stress, moins d’infections, moins de pollution…
Ainsi, le nombre des naissances à moins de 28 sem., qui sont grevées par les taux les plus élevés de décès et de séquelles neurodéveloppementales, a nettement diminué pendant le 1er mois du confinement au Danemark. Le même phénomène a été rapporté de façon anecdotique par des USIN d’Irlande, des Pays-Bas, du Canada, des USA, d’Australie, etc., ce qui suggère que l’association entre la diminution de la très grande prématurité et le confinement n’est pas fortuite. L’effet du confinement peut être expliqué par le repos forcé (moins de stress professionnel, de trajets domicile-travail), la réduction des infections (mesures d’hygiène, distanciation physique) et la baisse de la pollution atmosphérique pendant la grossesse. L’article ne précise pas si la prématurité induite a été moins importante.
S’il s’avère que le confinement a fait diminuer la très grande prématurité dans certains endroits et pas ailleurs, des études comparatives pourraient aider à élucider le mécanisme des accouchements prématurés, en grande partie ignoré, et à élaborer des interventions préventives.
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