Infections, pathologies, maladies dans le cadre de la grossesse
Publié le 11 fév 2022Lecture 4 min
Covid et grossesse : tout dépend du trimestre
Charles VANGEENDERHUYSEN, Saint Martin
L'impact de l'infection maternelle par le SARS-Cov-2 reste incertain. De nombreuses publications ont noté une augmentation des accouchements prématurés et des prééclampsies, mais aucune étude de grande ampleur ne s'est penchée sur les conséquences de l'infection selon le trimestre de la grossesse au cours duquel le diagnostic de Covid est posé.
Les auteurs de ce travail ont étudié l'impact de l'infection sur l'issue de la grossesse (naissance prématurée, mortinatalité, poids de naissance) en fonction du trimestre au moment de la contamination dans une population non vaccinée.
Il s'agit d'une étude rétrospective basée sur les données d’un système d'assurance médicale dans cinq États américains recueillies entre mars 2020 et juillet 2021. Deux groupes ont été définis : un groupe de femmes enceintes non vaccinées avec test PCR positif, subdivisé en trois selon le trimestre de la contamination, et un groupe contrôle de femmes n'ayant pas eu d'infection et ayant été testées au moins une fois négativement pendant la grossesse.
La cohorte était limitée aux femmes ayant accouché d'un enfant unique à plus de 20 semaines d'aménorrhée (SA). Les femmes testées positives n'ont présenté que des formes asymptomatiques, bénignes ou modérées de Covid, jamais de forme sévère.
Pour tenir compte des covariables associées à la prématurité, un appariement a été effectué sur l'âge maternel, l'IMC, les caractéristiques ethniques, la couverture sociale, la consommation de tabac ou de drogues, les antécédents d'accouchements prématurés, la parité, la gestité, le niveau scolaire, les comorbidités, le sexe de l'enfant et le mode d'accouchement.
Prématurité et mortinatalité quand c'est précoce, petit poids de naissance quand c'est tardif
Au cours de la période considérée, 73 666 femmes ont accouché, parmi lesquelles 18 335 (24,9 %) ont eu au moins un test de dépistage pendant la grossesse ; 882 femmes (Groupe Covid +) ont été testées positives pour la Covid : 85 au premier trimestre, 226 au deuxième et 571 au troisième ; 19 769 femmes (Groupe Covid -) ont eu un ou plusieurs tests toujours négatifs au cours de leur grossesse.
On observe une différence significative du taux d'accouchements prématurés dans le groupe Covid + (p < 0,05). Après ventilation sur le trimestre de contamination, on note plus de prématurité en cas d'infection au cours des deux premiers trimestres. Il n'existe pas de corrélation entre la sévérité de l'infection et l'âge gestationnel à l'accouchement (p = 0,31).
Les patientes du groupe Covid + ont donné naissance à des nouveau-nés de plus petit poids (p < 0,01). Les poids de naissance situés sous le 10ème percentile ont été prédominants en cas d'infection au troisième trimestre.
En termes de mortinatalité, on note une différence significative en cas de Covid (7 mort-nés sur 882 nouveau-nés vs 1/889, p < 0,05). Cette différence est notable en cas d'infection aux premiers et deuxièmes trimestres, mais disparaît pour les contaminations au troisième trimestre.
Au total, on peut résumer les résultats en quatre points :
plus l'infection est précoce et plus les conséquences néfastes sont importantes en termes d'accouchements prématurés et de mort-nés
une association existe entre l'infection, en particulier au troisième trimestre, et la fréquence de nouveau-nés de faible poids pour l'âge gestationnel
les conséquences sur la grossesse ne sont pas systématiques, certaines patientes en sont totalement indemnes et d'autres pas
la sévérité de l'infection ne paraît pas jouer un rôle dans les issues défavorables de la grossesse.
D'autre part, un modèle prédictif de l'âge gestationnel à l'accouchement est proposé, basé sur l'âge de la grossesse au moment de l'infection et sur le nombre de produits actifs prescrits lors de l'épisode infectieux.
Les auteurs suggèrent de nombreux thèmes de recherche ultérieure : le rôle de l'enzyme de conversion de l'angiotensine 2 dans les altérations placentaires et l'apparition des retards de croissance, l'intérêt d'un traitement anticoagulant, les complications survenant chez les femmes vaccinées qui développent néanmoins une infection, ainsi que chez celles ayant été infectées avant la grossesse, les conséquences tardives d'une infection in utero chez l'enfant, etc.
Ils mentionnent également les limites de leur étude, outre celles inhérentes à son caractère rétrospectif. Le protocole s'est limité aux issues de grossesse après 20 SA sans tenir compte des complications plus précoces. Par ailleurs, les patientes incluses n'ont jamais présenté de tableaux infectieux sévères, ce qui limite la portée des conclusions. Aucune donnée n'a été recueillie concernant l'évolution néonatale. Enfin, il serait intéressant de compléter l'analyse des chiffres par une étude individuelle précise des cas de prématurité et de mort-nés.
Cette étude a le mérite d'envisager les conséquences de la Covid selon le trimestre de la grossesse et d'ouvrir de multiples pistes de recherche. La route est encore bien longue…
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