Allaitement
Publié le 30 mai 2024Lecture 7 min
Compter sur le soutien humain et les vertus du naturel pour accompagner l’allaitement
Expérience unique dans la vie d’une femme, l’allaitement se veut naturel, instinctif. Reste que les jeunes mamans éprouvent souvent le besoin d’être guidées et soutenues dans leurs premiers gestes, pour prendre confiance en elles. Notamment lorsqu’il s’agit d’un premier enfant et que la femme fait ses premiers pas en tant que mère, avec toute la responsabilité que cela engendre de s’occuper d’un tout petit. Il est donc parfois nécessaire de cultiver l’aisance et la patience, le temps que Bébé et maman soient à l’aise pour téter en quantité suffisante. Soutien de la sage-femme, méthodes douces stimulant la lactation, consultations dédiées : faisons le point sur les dispositifs d’accompagnement à l’allaitement maternel. Sans oublier bien sûr ses bienfaits immunologiques pour les nourrissons, mais aussi pour les femmes.
Nourrir un nouveau-né au sein participe à son développement et à sa croissance. La composition du lait maternel évolue en effet en permanence pour répondre à chaque besoin du tout-petit. Très digeste, il ne sollicite que très peu le foie et les reins encore immatures. Il est ainsi adapté à l’organisme du nourrisson dans ses premiers moments de vie.
Grâce aux précieux composants du lait maternel, les tout-petits vont développer une meilleure immunité contre de nombreuses maladies. Ils se trouvent mieux protégés contre les pathologies respiratoires, les otites, les infections gastro-intestinales, les allergies. En grandissant, les enfants/adolescents sont moins sujets aux risques d’asthme, de surpoids, d'obésité ou encore de diabète à l’âge adulte. À noter que les anticorps transmis dans le lait maternel rendent également le microbiote intestinal plus résistant. Ce qui induit une protection bienvenue pour tous les nourrissons, encore plus pour les petits nés prématurément.
56,3 % des femmes allaitent exclusivement à la maternité en France
Quelles sont les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ? Un allaitement exclusif jusqu’à 6 mois maintenu jusqu’à l'âge de 2 ans en complément d’une alimentation diversifiée équilibrée. Et loin de toute injonction, la moindre tétée contribue aux bienfaits du nourrisson, même si l’allaitement ne dure que quelques semaines.
Actuellement, en France, selon les résultats de l’Enquête nationale périnatale(1), « 56,3 % des femmes allaitaient exclusivement leur enfant à la maternité en 2021 contre 54,6 % en 2016 et elles étaient 13,4 % à réaliser un allaitement mixte contre 12,5 % en 2016 . Le taux d’allaitement maternel exclusif reste faible en comparaison des autres pays européens ».
À l’échelle mondiale, 44 % des bébés de moins de 6 mois sont exclusivement nourris au lait maternel(2). Ce taux n’a que très peu augmenté durant ces 20 dernières années. Une attitude peut venir améliorer ces chiffres : répondre au besoin de soutien physique, et parfois psychologique, des femmes dès les premières mises au sein, et durant plusieurs semaines. Certaines mamans se sentent parfois seules et peuvent éprouver un sentiment de panique, de frustration, voire de culpabilité si l’allaitement ne se met pas bien en place.
50 % des mamans arrêtent d’allaiter par crainte de ne pas avoir suffisamment de lait(3-4). Parfois, malgré toute la bonne volonté et la pugnacité sans borne, le corps a en effet ses propres limites. Et la prise d’autonomie seule à la maison peut aussi être compliquée. 48,7 % évoquent notamment un allaitement maternel parfois compliqué comme des difficultés rencontrées lors du retour à domicile(1).
Lorsque la quantité de lait émise par tétée ne suffit pas à couvrir les besoins nutritionnels du tout-petit, les mamans finissent parfois par abandonner leur allaitement tant la douleur, le sentiment d’échec et le manque d’accompagnement les envahissent : « Le lait maternel est un aliment unique, de qualité irremplaçable », rappelle Santé publique France(5). Il semble également important d’informer les femmes des bénéfices de l’allaitement sur le lien d’attachement et sur leur propre santé (repositionnement de l’utérus, prévention du risque neuro-cardiovasculaire(6-7), réduction de la survenue de cancers du sein(8) et de l’ovaire(9), diminution potentielle de la douleur, prévention de la récidive en cas d’endométriose(10), protection contre le diabète de type 2(11) et le diabète gestationnel(12) dans le cadre d’une grossesse ultérieure(12)).
Peau à peau, position et expression
Pour soutenir les femmes et les aider à mettre en place leur allaitement et à le maintenir autant qu’elles le souhaitent, la sage-femme va pouvoir intervenir afin de montrer les positions optimales pour donner le sein à son enfant. Ce geste si naturel une fois acquis peut paraître très technique dans les jours suivant la montée de lait.
Dans les premiers temps, la/le professionnel(le) de la maïeutique, dans l’idéal la sage-femme référente(13), va également être présente pour expliquer :
– l’importance de respecter les trois points suivants lors de la mise en place de l’allaitement : « le peau-à-peau sécurisé, la première tétée et la cohabitation 24h/24 »(14) ;
– les bénéfices du peau à peau dès la naissance afin de favoriser la mise au sein ; puis aider la maman au repérage des signes d’envie de tétée sans attendre les pleurs du bébé et au repérage des succions nutritives (rythme régulier et ample, concentration, mécanisme de déglutition visible(5)) ;
– l’effet positif des tétées fréquentes sur la lactation, d’où l’intérêt de donner le sein sans restriction ni dans le nombre ni dans la durée. Si vos patientes souhaitent absolument des chiffres précis, on estime qu’un bébé tète en moyenne 8 à 12 fois toutes les 24 heures, qu’une tétée de moins de 10 minutes semble plutôt courte et celle de plus de 45 minutes sont plutôt longues(5) ;
– les effets observables sur la stimulation de la lactation dès lors que la maman allonge son enfant près d’elle pour allaiter à la demande(15) ;
– les autres méthodes de stimulation de la lactation que sont l’expression manuelle ou l’utilisation d’un tire-lait ;
– les signes d’alerte à repérer justifiant une consultation de la sage-femme ou professionnel de l’allaitement : tétées rares, changement brutal de rythme, déglutitions insuffisantes ou irrégulières, pleurs permanents, augmentation du sommeil, changement de la composition et/ou du volume des urines et des selles du nourrisson, douleurs mammaires(16).
Du fenugrec pour booster la lactation
La solution des galactagogues est à envisager si toutes les précédentes mesures ne suffisent pas ou si la maman a besoin d'un soutien, d’une réassurance supplémentaire. Comment ? En se tournant vers ce que la terre peut donner de vertus ! Sans se faire naturopathe, la sage-femme peut en effet aborder le sujet des plantes dites galactogogues auprès des femmes. L’une des plus connues n’est autre que le fenugrec, de sa racine latine Trigonella foenum-graecum.
Cultivée en Inde et en Chine et consommée comme légume, cette plante aromatique est aussi utilisée depuis plus d’un siècle(17) comme plante médicinale. En plus de ses propriétés hypoglycémiantes et hypolipidémiantes(18), cette plante augmente significativement la production de lait maternel(19-22). Et ce, grâce à sa teneur en diosgénine, substance dont la composition est très proche des hormones sexuelles féminines jouant un rôle dans la qualité nutritionnelle du lait maternel. L'effet galactogogue est observé dans les 24 h à 72 h(20-22).
L’effet boost de la lactation va ouvrir un cercle vertueux : le tout-petit aura davantage tendance à téter généreusement malgré l’effort que cela lui demande car il sera davantage récompensé par une quantité de lait suffisante et qualitative d’un point de vue nutritionnel. La maman, elle, verra sa charge mentale et physique s’estomper, la lactation étant naturellement suffisante pour nourrir son enfant.
À noter
• L’importance de respecter les trois points suivants lors de la mise en place de l’allaitement : le peau-à-peau sécurisé, la première tétée et la cohabitation 24h/24.
En cas d’échec, la supplémentation en fenugrec peut être d’un grand soutien en cas de fatigue ou de stress pour maintenir un bon niveau de lactation.
• La sage-femme référente peut également informer et accompagner la femme dans son allaitement, avant la fin du 5e mois de la grossesse et jusqu’à la 14e semaine après l’accouchement. Un dispositif validé depuis la publication de l’avenant 6 au Journal Officiel.
• Dans les 15 jours suivant la naissance, ou dans les semaines suivant le début de l’allaitement, il est conseillé de donner rendez-vous à vos patientes pour faire le point sur leur allaitement et les solutions qui peuvent être mises en place pour améliorer son efficacité et son maintien dans le temps.
• L’entretien post-natal précoce (EPNP), obligatoire depuis le 1er juillet 2022, est une bonne occasion d’interroger les femmes sur la façon dont leur allaitement se poursuit. Le premier rendez-vous est fixé dans les 4 à 8 semaines suivant l’accouchement. Une deuxième consultation peut être fixé entre la 10e et la 14e semaine si des besoins se font sentir.
En partenariat avec les laboratoires
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